Les FLAM ont pour projet de transformer la Mauritanie en un deuxième Sénégal.

Ce que la Mauritanie vit en ce moment est simplement le résultat du flou qui a entouré sa naissance en termes d’identité nationale, non tranchée. Il était vrai que les Arabes la voulaient arabe sans retouches, tandis que le Sénégal, avec le soutien de la puissance coloniale, la voulait négro-africaine et francophone. Deux aspirations donc, l’une ouvertement assumée, celle du Maroc, et l’autre tue, celle du Sénégal.
Le discours de Doudou Thiam, ministre des affaires étrangères du Sénégal, devant l’Assemblée générale de l’ONU, défendant avec force et conviction l’indépendance de la Mauritanie, démontrait une forte motivation, comme s’il défendait son propre pays.
C’était gentil, mais en y réfléchissant, la position de son pays n’était pas dénuée de calculs stratégiques : le Sénégal cherchait à éviter d’être privé d’un « second pays », facile à contrôler et à exploiter.
Justin Ndiaye, un chroniqueur sénégalais, écrit :
: « Même si la position du Sénégal était aveuglément alignée sur celle de la France désireuse de créer une entité mauritanienne, afin de faire main basse sur le minerai de fer de Zouerate via la MIFERMA, la posture de Dakar a aidé indiscutablement au sauvetage de la Mauritanie, des visées expansionnistes de Rabat. Donc à l’avènement d’une Mauritanie indépendante ».
En réalité, si le Maroc avait eu l’intention de phagocyter la Mauritanie, le Sénégal, lui, n’en voulait pas moins, mais de manière plus subtile et progressive, à travers un flux migratoire continue avec comme armes la langue française et la négritude.
Dans ses mémoires, rédigés en arabe, Yahya Ould Abdi, ancien directeur de la sûreté nationale, qui avait pris part aux travaux du Congrès fondateur d’Aleg en 1958, nous rapporte que les Foutankés étaient catégoriquement opposés à l’identité arabe de la Mauritanie et exigeaient aussi que le français soit la langue officielle du nouvel État.
Les nationalistes pulaars avaient eu gain de cause.
Et à la suite de l’indépendance de la Mauritanie et du déménagement de sa capitale de Saint-Louis à Nouakchott, des vagues successives de cadres moyens sénégalais feront le déplacement pour meubler les structures administratives, militaires et sécuritaires de leur pays d’adoption. Selon le porte-parole des FLAM, 90 pourcent de ces corps étaient constitués de Négro-Mauritaniens, en fait de Sénégalais naturalisés mauritaniens, pour la plupart, d’autant plus que pour obtenir la nationalité mauritanienne, ils avaient seulement à faire une demande manuscrite et à payer un timbre fiscal de 50 ouguiyas.
La Mauritanie est prise au piège. Dorénavant, elle ne peut plus être considérée comme un État arabe exclusif, mais comme un État à la fois arabe, peul, soninké, wolof et éventuellement bambara.
Aussi, elle n’est plus autorisée à enseigner sa langue arabe, l’enseignée pendant deux heures serait une arabisation outrancière. Il lui est également interdit de décider de l’officialisation de la langue arabe sans officialiser les langues africaines. Et elle ne peut plus se diriger vers le nord sans faire de même vers le sud. Pour le dire autrement, la Mauritanie a évolué en tant qu’État binational de fait, et elle doit s’y résoudre, sinon le pays de Samba Guéladio serait prêt à jouer le gendarme à tout moment.
Ainsi, le président Diouf était prêt à s’engager militairement en 1989 pour soutenir les FLAM, un mouvement raciste lié aux nationalistes pulaars du Sénégal, prétendant que les Poulo-Toucouleurs étaient persécutés sur la rive droite du fleuve en raison de l’arabisation à outrance.
En plus, quelques temps plus tard, selon Abdellatif Coulibaly, l’auteur de ‘Un Opposant au pouvoir : l’alternance piégée’, Maître Wade, qui était ministre d’État, avait vivement recommandé d’envoyer la gendarmerie occuper Seilibaby pour punir la Mauritanie lors d’une des multiples crises ayant marqué les relations mauritano-sénégalaises.
En conclusion, les initiateurs de la Mauritanie moderne ne pensaient pas que la cohabitation entre Arabo-Mauritaniens et Négro-Mauritaniens allait causer autant de problèmes, et que le Sénégal allait être le malin génie et l’instigateur des nationalistes pulaars. Autrement, ils auraient sérieusement réfléchi avant de créer un État avec les Foutankés. Ils n’avaient aucune obligation de le faire.
Mais comme cela a déjà été fait, il est fondamental de persuader les FLAM que la Mauritanie ne pourra pas devenir un deuxième Sénégal.
Ely Ould Sneiba
Le 04 Decembre 2025



