Mauritanie : Le 28 Novembre, entre mémoire blessée et quête de réconciliation

Le 28 Novembre, jour de l’indépendance mauritanienne, porte en lui un double héritage : célébration nationale et mémoire des violences du passé. Entre divisions, quête de justice et appels à la réconciliation, cette date symbolise les défis d’un pays en reconstruction morale.

Le 28 Novembre, une date à double visage en Mauritanie

Le 28 Novembre, c’est la fête de l’indépendance, célébrée chaque année depuis 1960. Mais pour beaucoup de Mauritaniens, c’est aussi un jour de deuil et de souvenirs douloureux. Il y a longtemps, la fête de l’indépendance symbolisait une journée de communion, de fraternité et de grandeur de la Mauritanie. Un pays cosmopolite, trait d’union entre l’Afrique noire et le Maghreb. Pays où des assimilations, des alliances et des fraternités se sont faites de part et d’autres, scellant ainsi des pactes intercommunautaires séculaires.
En effet, tout enfant était autrefois excité et impatient à la veille du 28 Novembre d’aller participer aux défilés et voir les parades militaires. Mais aujourd’hui, hélas, 28 Novembre rime avec siège des villes du sud, des poursuites et des jets des pierres entre des veuves, orphelins qui sabordent le jour et les forces de l’ordre et toujours des vagues de violences ajoutées à la haine !
Par ailleurs, cette date de commémoration de la fête de l’indépendance est plus que jamais entachée de souvenirs funestes, tristes et macabres, puisque réveillant en certains la douloureuse situation des pendaisons extrajudiciaires de leurs fils, pères, maris, oncles ou neveux !

Récemment, la décision prise par les autorités mauritaniennes de solder le passif humanitaire par des compensations financières a rencontré des vives oppositions de certaines victimes qui préconisent la voie d’une justice traditionnelle serait mieux salutaire pour que la Mauritanie retrouve sa santé.

Ainsi, comment peut-on fêter une date qui divise ? La Mauritanie doit panser ses plaies douloureuses en osant faire des enquêtes en allant jusqu’aux racines du mal pour se refaire une santé et réconcilier tous ses fils. La Mauritanie doit oser réparer pour redémarrer. C’est en réconciliant tous ses fils que la Mauritanie retrouvera son lustre d’antan.

Le 28 Novembre est une date qui rappelle les blessures du passé en Mauritanie. Il est temps pour le pays de tourner la page et de travailler vers la réconciliation et la justice pour tous les Mauritaniens. La voie de la justice traditionnelle et de la vérité est la seule qui puisse permettre à la Mauritanie de guérir et de se reconstruire.

Yahya Niane – Rapide info