Passif humanitaire : la CAS réclame vérité, justice et réconciliation nationale

Le jeudi 13 novembre 2025, lors d’une conférence de presse organisée au siège des
Forces Patriotiques pour le Changement (FPC), la
Coalition Anti-Système (CAS) s’est exprimée sur le traitement en cours
du passif humanitaire, après l’annonce par le gouvernement d’une enveloppe de
27 milliards d’ouguiyas destinée aux ayants droit : orphelins, veuves,
rescapés et familles des victimes.
Pour la CAS, cette approche strictement financière ne saurait constituer une réponse
adéquate aux attentes profondes des victimes. « Les victimes des événements de 1989 à 1991
ne se battent pas pour de l’argent ; elles réclament le respect de leur dignité, la vérité
sur ce qui s’est réellement passé, et une reconnaissance nationale du traumatisme qu’elles
ont subi », affirme la coalition.
Une vision fondée sur les principes de justice transitionnelle
Dans une déclaration remise à la presse, la CAS plaide pour une solution globale fondée
sur la justice transitionnelle, reposant sur cinq piliers essentiels :
vérité, justice, réparation, mémoire et pardon.
Elle rejette tout « arrangement sous la table » et appelle à un processus transparent
et conforme aux pratiques adoptées par des pays ayant traversé des crises similaires,
comme le Maroc, l’Afrique du Sud, le Rwanda, la Libye ou le Chili.
Le passif humanitaire doit figurer au dialogue national
Interrogé sur l’éventualité d’inclure le passif humanitaire parmi les sujets du
dialogue politique en préparation, le président des FPC estime que la question
n’a pas encore été débattue au sein de la coalition, mais qu’elle devrait naturellement
faire partie des thèmes prioritaires.
« Des sujets aussi sensibles doivent faire l’objet d’un débat national franc et inclusif »,
insiste-t-il.
Une critique ouverte de la communication du pouvoir
Samba Thiam a également commenté la récente mise en garde du Président de la République
envers les responsables participant à des réunions à caractère tribal, régional ou ethnique.
Il affirme ne pas avoir été informé de cette communication et s’interroge :
« Qui entretient le tribalisme et l’ethnicisme, si ce n’est le pouvoir ? »
Selon lui, une telle annonce aurait dû être présentée à l’ensemble de la nation et non à une
seule composante. « Il ne suffit pas de proclamer, il faut agir.
Nous attendons des actes. »
Position réaffirmée lors d’un échange avec Rapide Info
Lors d’un échange accordé à Rapide Info, le président de la CAS par intérim,
Samba Thiam, a réitéré que la résolution du passif humanitaire doit s’appuyer sur
« les principes de justice, de vérité, de réparation, de mémoire et de pardon ».
Interrogé par notre journaliste Ahmed Ould Bettar sur les mécanismes concrets, il souligne
qu’une démarche transparente, inspirée des standards internationaux de la justice
transitionnelle, est indispensable pour apaiser durablement les tensions héritées des années
1988–1991.
Un manque de sincérité dénoncé
Pour Ladji Traoré, autre figure de la coalition, le principal obstacle réside
« dans le manque de sérieux et de sincérité qui a toujours entouré ce dossier ».
Il appelle à rompre définitivement avec les stratégies de contournement,
de minimisation et d’amortissement politique.
Pour aller plus loin
À travers cette prise de position, la CAS réaffirme sa volonté de voir le pays
affronter son passé de manière honnête et courageuse, dans l’objectif de construire
une véritable réconciliation nationale.



