La neutralité mauritanienne : l’art difficile de l’équilibre diplomatique
Entre prudence et souveraineté, la Mauritanie fait de la neutralité une stratégie diplomatique assumée face à la question du Sahara occidental.

Neutralité
Depuis près d’un démi-siècle, la question du Sahara occidental reste l’un des sujets les plus sensibles du Maghreb. Elle influence les alliances, alimente les rivalités et pèse durablement sur la stabilité de la région. Dans ce contexte compliqué, la Mauritanie a choisi une position particulière : celle de la modération, de la retenue et du dialogue.
Cette neutralité, parfois vue comme de la prudence ou de la distance, repose en réalité sur une compréhension fine des équilibres régionaux et sur une tradition diplomatique propre au pays : celle de la recherche du juste milieu. En évitant de se laisser enfermer dans les conflits entre camps opposés, Nouakchott protège son indépendance et garde sa capacité à écouter et à dialoguer – deux qualités précieuses dans une région souvent marquée par les positions rigides.
Encore aujourd’hui, la Mauritanie réaffirme son attachement à une solution sous l’égide des Nations unies. Ce choix n’est pas une façon d’éviter le problème, mais une conviction claire : seule la voie du dialogue et du respect du droit international peut permettre de régler la question du Sahara occidental, et non la logique de la force.
Dans un environnement régional souvent agité, cette neutralité devient une véritable stratégie : un art de la nuance et de la constance. Nouakchott prouve qu’il est possible d’avoir une politique étrangère indépendante, d’agir discrètement mais efficacement, et d’exercer une influence sans chercher à dominer.
Cette diplomatie du juste milieu, calme mais déterminée, contribue à la stabilité du Maghreb. Elle rappelle qu’en politique internationale, le silence réfléchi et la mesure valent souvent mieux que les déclarations bruyantes.
Ahmed Ould Bettar
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