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Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : la rigueur tranquille d’un président face à la corruption

Le Président Ghazouani réaffirme sa détermination à éradiquer la corruption et à réformer l’administration mauritanienne avec rigueur et équité.

Dans un discours mesuré et ferme, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani rappelle que le développement de la Mauritanie passe par une lutte sans concession contre la corruption. Entre rigueur tranquille et sens de l’État, le Président trace les contours d’une gouvernance fondée sur la responsabilité et la transparence.

ÉDITORIAL — La guerre tranquille contre la corruption : le pari de la rigueur présidentielle

Par Rapide Info

Il y a dans le discours du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, prononcé lundi soir lors de la remise des diplômes de la 46ᵉ promotion de l’École nationale d’administration, de journalisme et de magistrature, un ton qui n’a rien d’incantatoire. Sans emphase, sans effet de manche, le chef de l’État a posé une vérité simple : aucun développement durable n’est possible sans l’éradication de la corruption, sous toutes ses formes.

Ces mots, que l’on pourrait croire mille fois entendus dans les cénacles du pouvoir, sonnent ici différemment. Parce qu’ils s’inscrivent dans une démarche de cohérence et de continuité : celle d’un Président qui, depuis le début de son mandat, préfère l’action discrète à la déclaration fracassante, la réforme par le travail à la réforme par le verbe.

Une lutte à bas bruit, mais sans relâche

En évoquant la « guerre totale » engagée contre la corruption, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ne cherche pas à dramatiser la scène politique. Il rappelle, sobrement, que la corruption n’est pas seulement une faute morale ou une trahison de l’éthique publique, mais un frein structurel au développement. Elle « dilapide les ressources de l’État », affaiblit les projets, creuse les inégalités et compromet la justice sociale – autant de maux qui sapent la légitimité du progrès et la confiance citoyenne.

C’est pourquoi la présidence a multiplié, ces dernières années, les instruments de régulation : création d’une autorité de lutte contre la corruption, renforcement des organes de contrôle, révision du Code des marchés publics, et instructions fermes pour que nul ne soit au-dessus de la reddition de comptes.

Mais là où le discours du Président trouve sa portée politique, c’est dans son insistance sur la responsabilité partagée. En appelant les organes d’inspection à exercer « pleinement leurs prérogatives », il confère à l’administration une mission quasi morale : celle d’incarner, dans la pratique quotidienne, les valeurs de la République.

La réforme par les hommes et les institutions

L’autre volet de cette allocution, tout aussi révélateur, réside dans la valorisation du rôle de l’École nationale d’administration, de journalisme et de magistrature. En célébrant la sortie de sa 46ᵉ promotion, le chef de l’État rappelle que toute réforme – politique, économique ou sociale – repose d’abord sur la qualité de ceux qui l’incarnent.

« Votre sortie, a-t-il dit aux jeunes diplômés, n’est pas seulement l’obtention d’un diplôme, mais un mandat que la Nation vous confie. » Ces mots résument à eux seuls la philosophie de gouvernance que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani tente d’imprimer à l’État mauritanien : celle d’un service public réhabilité, humain, transparent et au service du citoyen.

Dans une société où la distance entre gouvernants et gouvernés a souvent été perçue comme un fossé, ce rappel prend des allures de programme. Car moderniser l’administration, c’est aussi rapprocher l’État du citoyen, rendre la justice plus équitable, et inscrire la transparence dans le quotidien de la gestion publique.

Un Président au centre d’un équilibre exigeant

Le style du Président n’est ni celui du tribun ni celui du technocrate. C’est celui d’un chef d’État soucieux d’équilibre. Sa modération, parfois interprétée comme réserve, est ici une méthode : il préfère convaincre que contraindre, bâtir plutôt que bousculer.

Dans un contexte où les attentes sociales demeurent fortes, où la jeunesse réclame plus d’efficacité et de clarté, cette approche graduelle n’est pas sans risque politique. Mais elle a le mérite de la cohérence et de la durabilité. Elle s’inscrit dans la longue durée, celle des institutions et non des conjonctures.

Le Président a rappelé avec fermeté que la reddition des comptes et le refus de l’impunité resteront au cœur de son action. Il ne s’agit pas d’une posture morale, mais d’une condition de stabilité. Car dans un pays où la défiance envers les structures publiques reste ancrée, l’exemplarité de l’État est la première réforme à mener.

Une rigueur tranquille pour un pays en mutation

À travers ce discours, c’est donc moins un message circonstanciel qu’une orientation stratégique qui se dessine : celle d’une rigueur tranquille, d’une volonté de construire une Mauritanie sobre dans sa parole mais ferme dans ses actes.

Il reste bien sûr que la lutte contre la corruption, comme toute entreprise de moralisation, ne se gagne pas dans les textes, mais dans la pratique quotidienne. Et c’est là que se joue désormais la crédibilité du pouvoir : dans sa capacité à transformer la promesse en culture, et la rigueur en habitude d’État.

L’École nationale d’administration, de journalisme et de magistrature, en formant ceux qui porteront cette vision, devient à cet égard bien plus qu’une institution : elle incarne le laboratoire silencieux d’un État qui veut se réinventer sans se renier.

Un mot d’équité

Il serait injuste d’attendre d’un seul homme la métamorphose d’un système ancré dans des décennies de pratiques administratives inégales. Mais il serait tout aussi réducteur de ne pas reconnaître l’effort patient, parfois invisible, d’un Président qui a choisi la voie de la réforme institutionnelle plutôt que celle de la rupture spectaculaire.

Entre prudence et persévérance, entre autorité et écoute, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani trace une ligne de gouvernance rare dans la région : celle où la modernité s’articule avec la mesure, et où la fermeté se conjugue à la décence politique.

La corruption ne disparaîtra pas d’un décret. Mais elle reculera, sans doute, à la mesure de cette constance tranquille — celle d’un chef d’État pour qui la réforme n’est pas un slogan, mais une responsabilité morale.

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