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Qui aime bien châtie bien/ par : Mohamed Salem Elouma Memah

Le réquisitoire est dressé, la sentence doit suivre. Exhaustif et tranchant, le rapport de la Cour des comptes ne laisse pas indifférent. Les faits sont établis avec méthode et font ressortir des manquements gravissimes.

Les subtilités de langage n’y changent pas grand-chose. Dilapidation directe ou par voie détournée, c’est du pareil au même. Des centaines de milliards se sont envolés et doivent avoir atterri quelque part, hors des caisses de l’Etat et sans contrepartie en services. De plus, la gabegie recouvre les formes de malversation les plus diverses, y compris les abus de gestion et le manque de rigueur administrative.

D’énormes montants ont emprunté des chemins de traverse, loin des projets auxquels ils ont été alloués. C’est ce qu’on appelle en langage populaire « le crachat de l’aveugle » : il creuse un trou pour expectorer, crache à côté et rabat le sable plus loin. Les gestionnaires des deniers publics seraient-ils aveuglés par les lustres de la fortune et les griseries d’une couverture d’impunité ?

Pour les pessimistes, ce genre de situations expliquerait peut-être pourquoi de grands projets de services, annoncés depuis longtemps, ont du plomb dans l’aile, au moment où, parallèlement, Nouakchott vit un fantastique boom immobilier haut standing. Il n’est pas étonnant qu’une population qui manque d’eau, d’électricité et d’autres services vitaux, ressente de l’indignation quand elle apprend que des financements d’une telle importance se sont volatilisés, au lieu de servir à alléger ses souffrances.

La Cour a mené un bon travail, mais le contrôle, même bien fait, n’est pas une finalité en soi. Il n’a de sens que s’il prête à conséquence. Le présent rapport est trop précieux pour passer en pertes et profits. Les faits qu’il relate sont suffisamment criants pour justifier une réplique vigoureuse de nature, à la fois, à conforter les instances de contrôle dans leur mission, à restaurer la confiance dans les institutions de l’Etat et à asseoir résolument la crédibilité des mécanismes de lutte contre la gabegie.

L’occasion est propice pour démontrer qu’en matière de gestion des ressources publiques, il existe quand même des faits et des actes sur lesquels il est indécent de fermer les yeux. La sanction est requise pour barrer la route aux excès et prévenir les risques de banalisation. Tout acte à prendre en matière répressive risque d’avoir un effet ponctuel s’il n’est pas envisagé dans une optique de dissuasion durable.

On ne s’attend pas à du grabuge évidemment, mais à de la pédagogie au biceps, de quoi faire comprendre à ces esprits débridés qu’il existe des limites à ne pas franchir entre les substantiels avantages auxquels ils ont droit au titre de leurs fonctions, et qu’ils peuvent gaspiller comme bon leur semble, et les fonds publics qu’ils ont le devoir de gérer au mieux des intérêts de la collectivité nationale. Une matérialisation de frontières, en somme.

Mohamed Salem Elouma Memah

Source: Mauriactu.info

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