Rapport de la Cour des comptes : un ancien Inspecteur général adjoint d’État plaide pour la clarté et la réforme
Dans une analyse approfondie, un ancien Inspecteur général adjoint d’État éclaire les distinctions entre erreurs de gestion, déséquilibres structurels et actes délictueux relevés par la Cour des comptes, plaidant pour une lecture méthodique et équilibrée du rapport.
dernières nouvelles – Quand l’audit rencontre la réalité : un ancien Inspecteur général adjoint d’État décrypte le rapport de la Cour des comptes
Par la rédaction de Rapide Info – adapté de Mourassilloun.com
Dans le sillage du très attendu rapport de la Cour des comptes, les débats se multiplient. Entre révélations chiffrées, réactions à chaud et polémiques numériques, un ancien Inspecteur général adjoint d’État apporte un éclairage salutaire : celui de la nuance, de la méthode et de la rigueur. Son analyse, à la fois technique et accessible, redonne au débat public ce qu’il avait perdu : un cadre d’interprétation rationnel, loin des jugements hâtifs.
Trois catégories, une seule exigence : la clarté
Dès l’introduction, l’ancien haut fonctionnaire trace la ligne de partage entre erreurs de gestion, déséquilibres structurels et actes délictueux. Une distinction essentielle, souvent mal comprise, mais déterminante pour la lecture du rapport.
Selon son analyse, près de 60 % des observations, soit environ 190 cas, relèvent d’erreurs de gestion : décisions administratives mal calibrées, retards dans les projets routiers sans activation des pénalités, réception d’équipements sans tests techniques, ou encore absence de suivi comptable rigoureux.
« Ces fautes, explique-t-il, ne sont pas des crimes, mais elles affaiblissent la performance publique et dilapident des ressources collectives. »
Les fragilités du système : 23 % des irrégularités
Viennent ensuite les déséquilibres structurels, qui représentent près d’un quart du total (23 %). Ils traduisent moins une faute individuelle qu’une fragilité systémique : absence d’entretien préventif dans les hôpitaux, manque de coordination dans la distribution des médicaments, faiblesse des contrôles internes, et défaillances dans la gestion des équipements techniques.
Ces constats pointent du doigt un problème plus profond : celui de l’organisation administrative et de la gouvernance publique.
Les actes délictueux : 17 % mais un impact majeur
Enfin, la catégorie la plus sensible, celle des infractions pénales présumées, représente 17 % des observations, soit 54 cas. Moins nombreux, mais infiniment plus graves, ces dossiers peuvent déboucher sur des suites judiciaires.
Parmi eux, figurent des paiements pour des travaux fictifs, une épaisseur d’asphalte réduite de 40 % par rapport aux normes, ou encore des avantages indus accordés à certains fournisseurs. D’autres exemples illustrent des collusions dans la facturation d’électricité ou des abus dans l’attribution des formations.
Ces cas ne sont pas de simples maladresses : ils portent atteinte à la confiance du public et soulèvent la question de la responsabilité pénale.
Une grille de lecture méthodique et équilibrée
L’ancien inspecteur invite à ne pas confondre observation et condamnation. « Un rapport d’audit, rappelle-t-il, n’est ni un verdict ni une absolution. Il éclaire, il oriente, mais ne juge pas. »
Il souligne également la marge d’erreur inhérente à tout contrôle, dans un environnement souvent dépourvu de règles uniformes et de documentation fiable. Les auditeurs, confrontés à des preuves incomplètes, doivent parfois trancher entre suspicion et prudence.
Corriger, prévenir, enquêter
Son plaidoyer appelle à une double approche :
- Administrativement, il s’agit de renforcer les procédures, récupérer les fonds détournés et consolider les contrôles internes.
- Judiciairement, il faut enclencher des enquêtes professionnelles et impartiales lorsque des indices d’intention ou d’avantage indu apparaissent.
Mais, prévient-il, transformer une impression de corruption en preuve sans fondement solide est tout aussi dangereux que l’inaction. Entre excès de zèle et complaisance, la justice et la gouvernance publique doivent trouver leur équilibre.
Le mot de la fin
L’analyse de cet ancien Inspecteur général adjoint d’État replace la lecture du rapport de la Cour des comptes dans sa juste perspective : ni outil de lynchage politique, ni document technique réservé aux initiés.
Elle invite à une réforme lucide, où chaque erreur devient le signal d’une amélioration possible, et où la transparence cesse d’être un slogan pour devenir une culture de responsabilité.
Rapideinfo avec Mourassiloun