Second mandat de Ghazouani : écouter, agir et transformer les avancées en réalité partagée
Face aux critiques, le président Ghazouani mise sur l’écoute, la transparence et les réformes pour transformer les richesses du pays en progrès social.
Ghazouani face à la critique : écouter, agir et transformer les avancées en réalité partagée
Par la rédaction de Rapide Info Mauritanie
Dans un climat où les voix critiques se multiplient, où les réseaux sociaux amplifient les frustrations et où l’opinion publique semble parfois oublier les progrès accomplis, le second mandat du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani se joue sur un terrain double : celui de la gouvernance réelle et celui de la perception populaire.
Entre les chantiers énergétiques colossaux et les défis sociaux persistants, une question s’impose : comment le gouvernement et la majorité présidentielle peuvent-ils regagner la confiance d’une population fatiguée des promesses mais avide de résultats tangibles ?
Écouter pour mieux convaincre
La première exigence, selon les observateurs, n’est ni technique ni budgétaire : elle est politique.
Le gouvernement doit renouer avec l’écoute active. Non pas l’écoute formelle des séminaires de la capitale, mais celle du terrain — celle qui passe par les marchés, les écoles, les dispensaires, et les zones rurales souvent oubliées.
Les Mauritaniens n’attendent pas des chiffres, ils attendent des preuves. D’où l’importance d’une communication factuelle, adossée à des indicateurs vérifiables : kilomètres de routes construites, centres de santé fonctionnels, taux de scolarisation amélioré, emplois créés grâce au gaz et aux mines.
Face aux critiques, la réponse ne doit pas être défensive, mais démonstrative. Les résultats sont les meilleurs porte-parole d’un mandat.
Une majorité qui doit convaincre, non se justifier
Les partis réunis autour du président Ghazouani ont souvent pris le réflexe de défendre le bilan en bloc, parfois sans nuance. Or, dans un pays où la jeunesse réclame plus de transparence et de participation, la crédibilité passe par l’humilité politique.
La majorité gagnerait à transformer sa communication en pédagogie de l’action : expliquer ce qui est fait, admettre ce qui ne l’est pas encore, et associer les citoyens aux priorités à venir.
Là où les opposants brandissent la critique, la majorité doit offrir la clarté : chiffres, preuves et visibilité des réformes sur le terrain.
Énergie et gaz : un tournant historique
Le grand projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), à la frontière mauritano-sénégalaise, a franchi une étape décisive avec le lancement des premières exportations de GNL. C’est une révolution silencieuse, appelée à redéfinir la structure économique du pays.
Mais cette richesse potentielle n’a de sens que si elle bénéficie réellement aux Mauritaniens. Les retombées fiscales doivent être orientées vers des priorités sociales : santé, éducation, emploi.
La création d’un cadre national de gouvernance des revenus du gaz devient essentielle pour éviter les erreurs de la “malédiction des ressources”.
Hydrogène vert : la promesse du futur
Mauritanie et hydrogène vert : une ambition démesurée, mais crédible. Le pays a signé plusieurs accords pour devenir un hub énergétique vert à horizon 2030.
Les experts saluent une vision d’avenir, mais appellent à la prudence : sans stratégie claire de financement, d’infrastructure et de gestion de l’eau, le rêve pourrait se dissoudre dans le sable.
L’État doit établir un plan national hydrogène avec étapes précises, garanties environnementales, et clauses de transfert technologique pour les jeunes ingénieurs mauritaniens.
Mines et industries extractives : l’autre pilier
La SNIM poursuit sa modernisation tandis que de nouveaux projets, comme celui de l’uranium à Tiris, prennent forme. Le secteur minier reste la colonne vertébrale industrielle du pays comme l’a rappelé l’Agence mauritanienne d’information.
Mais les défis demeurent : valorisation locale du minerai, respect de l’environnement, et partage équitable des bénéfices.
La clé ? Miser sur la transparence totale : publication des contrats, audits indépendants, et implication des collectivités locales. Le FMI recommande une meilleure gouvernance du Fonds national des hydrocarbure.
Routes, ponts, infrastructures : le maillage du développement
Les routes s’étendent, les ponts relient des régions longtemps isolées, et les infrastructures et travaux d’entretien se multiplient.
Pourtant, la durabilité reste la grande faiblesse du secteur. Une route mal entretenue, c’est un investissement perdu.
Le gouvernement devrait instituer un Fonds d’entretien routier permanent, financé par les revenus extractifs, afin d’assurer la maintenance à long terme et d’impliquer les PME locales dans les chantiers.
Éducation : refonder plutôt que réformer
Le président Ghazouani a mis l’accent sur la formation professionnelle et la réforme des programmes scolaires. Les intentions sont claires, les premiers résultats encore timides.
Les problèmes de base persistent : manque d’enseignants qualifiés, décrochage scolaire des filles, et inégalités entre zones urbaines et rurales.
L’avenir du pays repose sur l’école et la compétence, surtout à l’heure des nouveaux métiers liés au gaz, à l’hydrogène et aux mines.
Un plan décennal d’éducation technique et professionnelle serait un signal fort pour la jeunesse. La réforme du système éducatif est un levier clé de la transformation socio-économique.
Santé : des progrès visibles, mais inégaux
La coopération avec la Banque mondiale et d’autres bailleurs a permis d’améliorer les infrastructures sanitaires, notamment pour les mères et enfants, selon un rapport de la Banque mondiale sur la santé en Mauritanie.
Mais la disparité régionale demeure : certains centres de santé manquent toujours de médecins, de médicaments et d’électricité.
Des cliniques mobiles régionales et un plan de formation médicale accéléré pourraient corriger cette fracture sanitaire.
Gouvernance et lutte contre la corruption : l’équilibre fragile
Depuis 2019, plusieurs affaires emblématiques ont montré une volonté d’assainir la vie publique.
Cependant, l’opinion reste divisée : justice sélective ou réelle transparence ?
La réponse tiendra à une chose : l’impartialité. Publier les audits, rendre compte des conventions minières et renforcer les contrôles citoyens seraient des gestes puissants de crédibilité.
Vers une gouvernance de résultats
Le second mandat de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani doit se lire comme une course contre la défiance. Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani poursuit la consolidation des institutions démocratiques…
La Mauritanie avance, mais lentement. Elle construit, mais doit encore convaincre.
L’écoute du citoyen, la transparence des chiffres et la redistribution des richesses issues du gaz et des mines peuvent transformer un mandat en héritage.
La majorité présidentielle, quant à elle, doit sortir du réflexe défensif pour entrer dans une logique de résultats mesurables.
Dans une démocratie naissante comme la Mauritanie, la meilleure communication politique reste la plus simple : celle que le citoyen voit, touche et vit.
Encadré : Trois priorités pour 2025
- Publier un tableau de bord mensuel des politiques publiques (éducation, santé, infrastructures, emploi).
- Mettre en place un mécanisme de gouvernance du gaz transparent et participatif.
- Lancer un plan de formation professionnelle nationale lié directement aux filières énergétiques et minières.
Conclusion
Sous le sable chaud et les vents du changement, la Mauritanie de Ghazouani est à un tournant.
L’État a commencé à bâtir les fondations d’une économie nouvelle. Reste à bâtir la confiance.
Et cela ne se décrète pas : cela se prouve, chaque jour, sur le terrain.