Mauritanie : progrès concrets contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains
Voici comment la Mauritanie transforme ses engagements en actions tangibles dans la lutte contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains, avec la Cour pénale spécialisée et des mesures d’assistance aux victimes.
Mauritanie : Progrès tangibles dans la lutte contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains
Nouakchott, 2 octobre 2025 – Alors que le débat sur la situation des droits humains en Mauritanie reste vif, une lecture attentive des développements récents révèle un pays en mouvement, engagé dans des réformes ambitieuses pour éradiquer l’esclavage moderne et protéger les populations vulnérables. Washington a récemment salué ces avancées, plaçant la Mauritanie au niveau 2 dans son classement mondial, un indicateur de progrès significatifs et durables dans la région sahélo-saharienne.
1. Réformes législatives et institutionnelles : une architecture solide pour la justice
La création de la Cour pénale spécialisée en 2024 marque une étape historique dans l’arsenal judiciaire mauritanien. Conçue pour juger les crimes d’esclavage, la traite des personnes et le trafic illicite de migrants, cette juridiction dispose désormais des outils légaux et humains pour offrir une réponse ciblée et efficace. Contrairement aux critiques qui pointent un manque de transparence, les premiers rapports internes indiquent déjà un traitement systématique des dossiers et une attention particulière portée aux victimes issues des Communautés discriminées sur la base du travail et de l’ascendance (CDWD).
Les tribunaux spécialisés antérieurs, bien qu’ayant limité leur portée, ont servi de base expérimentale, permettant de former juges et procureurs à ces crimes complexes et d’établir des procédures adaptées. La nouvelle Cour bénéficie de cette expérience et introduit des mécanismes de suivi plus rigoureux, tout en renforçant l’indépendance des magistrats grâce à des nominations plus professionnelles et moins politisées.
2. Assistance aux victimes : des mesures concrètes et élargies
Le Plan national 2024-2026 prévoit une augmentation significative des allocations du Fonds d’assistance aux victimes. Ces ressources permettent un accompagnement juridique, social et psychologique plus structuré, ciblant particulièrement les femmes et les enfants des communautés CDWD. Des partenariats avec des ONG locales et internationales assurent un accès plus large aux services, contredisant l’idée selon laquelle les victimes resteraient isolées ou marginalisées.
3. Coopération internationale et résultats tangibles
L’arrestation de 30 000 candidats à l’émigration clandestine n’est pas seulement un chiffre sécuritaire : elle illustre également l’efficacité des mesures de protection et de prévention mises en place pour contrer la traite des êtres humains. La coopération avec les États-Unis et l’Union européenne, loin d’être une simple gesticulation diplomatique, a permis le renforcement des capacités institutionnelles et la formation de forces spécialisées, améliorant la détection des victimes et la poursuite des auteurs.
4. Sensibilisation et transformation sociale
Les campagnes de sensibilisation, menées avec des leaders religieux et associatifs, ont touché un public large et diversifié, contribuant à une évolution progressive des mentalités dans des zones longtemps isolées. La communication officielle ne se limite pas à un « vernis » : elle s’accompagne d’actions concrètes sur le terrain, telles que l’inclusion des enfants dans des programmes éducatifs contre l’exploitation et la promotion de l’égalité des chances pour les femmes.
5. Vers une justice réelle et durable
Si des défis subsistent, notamment en termes de suivi des dossiers et de communication des résultats, la trajectoire est claire : la Mauritanie transforme progressivement ses engagements en actions tangibles. La Cour pénale spécialisée, soutenue par des réformes législatives et une assistance accrue aux victimes, constitue un outil inédit pour briser l’impunité et restaurer la dignité des populations marginalisées. Les efforts menés sur le terrain démontrent que la promesse juridique peut se traduire en justice réelle.
Pour conclure, la Mauritanie, longtemps critiquée pour son incapacité à éradiquer l’esclavage et la traite des êtres humains, montre aujourd’hui des signes concrets de progrès. Loin d’être un simple exercice diplomatique, les réformes institutionnelles, l’amélioration de l’accès à la justice et les campagnes de sensibilisation illustrent une dynamique positive et durable. Le pays s’inscrit ainsi dans une démarche où la lutte contre l’esclavage moderne devient une priorité nationale, crédible aux yeux de la communauté internationale et bénéfique pour ses citoyens les plus vulnérables.
Mohamed Lemine Ould Moctar