Coumba Bâ, la conseillère influente de Mohamed Ould Ghazouani
Coumba Bâ, ministre conseillère et envoyée spéciale auprès de l’OIF, est l’une des voix les plus influentes du palais présidentiel mauritanien. Découvrez son parcours, de médecin à figure-clé de la diplomatie de Nouakchott.
Dans les coulisses du palais présidentiel, elle est l’une des femmes les plus écoutées. Médecin de formation et figure politique aguerrie, Coumba Bâ s’est imposée comme une conseillère de premier plan auprès du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. De ses débuts en santé publique à son rôle actuel d’envoyée spéciale auprès de l’OIF, son parcours illustre la montée en puissance d’une diplomate discrète mais décisive. Un portrait signé Albert Savana pour Financial Afrik.
Dans les couloirs feutrés du palais présidentiel de Nouakchott, elle est l’une des voix qui comptent. Coumba Bâ, médecin de formation et femme politique chevronnée, occupe aujourd’hui une place singulière dans l’entourage du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : celle de ministre conseillère et envoyée spéciale auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). À ce poste, elle incarne une figure discrète mais décisive, porteuse de messages personnels du chef de l’État auprès de ses homologues africains.
Originaire de Civet, département de Kaédi, dans le Gorgol, elle appartient à une lignée peule aristocratique. Son père, instituteur respecté, lui transmet le goût de l’éducation et du service public. Après un passage par Niamey puis Abidjan, elle soutient en 1998 un doctorat en chirurgie dentaire intitulé « Étude épidémiologique des affections bucco-dentaires et besoins en traitement de la population scolaire de Nouakchott : évaluation à partir de 432 enfants âgés de 12 ans ». De retour en Mauritanie, elle exerce comme praticienne tout en multipliant campagnes de prévention et ateliers de sensibilisation, notamment sur le VIH/SIDA. Mais très vite, la médecine devient pour elle un tremplin vers une autre forme d’engagement : la politique.
En 2005, elle franchit le seuil de la présidence de la République en qualité de conseillère. Dès lors, sa carrière prend de la vitesse. Lors de la campagne présidentielle de 2007, qui porta Sidi Ould Cheikh Abdallahi à la magistrature suprême, Coumba Bâ sillonne plusieurs capitales africaines pour rallier des soutiens, marquant ainsi ses véritables débuts diplomatiques.
Chargée de mission et participante aux négociations de Dakar en 2008, elle se distingue par un style direct, rare dans un univers politique feutré. Elle accompagne, en tant que conseillère ou chargée de mission, les dirigeants Ely Ould Mohamed Vall et Sidi Ould Cheikh Abdallahi, puis le président Mohamed Ould Abdel Aziz. La confiance dont elle jouit lui permet même de plaisanter publiquement avec ce dernier, signe de son assurance et de sa place particulière dans les cercles du pouvoir.
Entre 2009 et 2018, elle occupe plusieurs portefeuilles ministériels — Fonction publique, Jeunesse et Sports, Affaires africaines — et devient vice-présidente de l’Union pour la République (UPR), alors parti dominant. Ces expériences gouvernementales confirment son sens de la négociation et son habileté à évoluer dans un univers politique mouvant.
En 2019, elle est nommée ministre conseillère à la Présidence dans le premier gouvernement de l’ère Ghazouani, poste qu’elle occupe jusqu’en 2024. Cette année-là, elle est désignée envoyée spéciale auprès de l’OIF, chargée de transmettre des messages personnels du chef de l’État à des figures telles qu’Alassane Ouattara, Denis Sassou-Nguesso ou Félix Tshisekedi.
Cette mission consacre sa réputation de femme de confiance, écoutée par plusieurs présidents successifs, de Maaouiya Ould Taya à Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Ses réseaux diplomatiques étendus et sa proximité avec de nombreux dirigeants africains en font une actrice-clé de la diplomatie mauritanienne.
Mère de famille, parlant français, arabe et anglais, Coumba Bâ conjugue discrétion et efficacité. Sans occuper la lumière des projecteurs, elle façonne durablement l’équilibre du pouvoir à Nouakchott. Dans un pays où l’influence se mesure à la confiance du chef de l’État, elle a su bâtir une place unique.
Albert Savana
Journaliste depuis 20 ans dans la presse économique africaine et auteur de plusieurs enquêtes et reportages. A couvert plusieurs sommets de l’Union Africaine, de la Commission économique africaine et de la Banque Africaine de Développement.
Source: financialafrik.com