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Abdallah O. Souleymane : portrait d’un pilier discret de l’État mauritanien

Portrait d’Abdallah O. Souleymane, technocrate mauritanien discret au parcours académique et politique exemplaire, symbole de mérite et de loyauté.

Haut fonctionnaire mauritanien, Abdallah O. Souleymane incarne une technocratie rigoureuse et compétente. Son parcours, entre érudition islamique et excellence académique internationale, illustre la force tranquille du mérite et du service public.
Nouakchott, septembre 2025 – Il y a des hommes dont le parcours, long et silencieux, contraste avec l’agitation des projecteurs. Des hommes que l’on ne rencontre qu’à travers les récits de ceux qui les ont vraiment connus. C’est ainsi que j’ai entendu parler, pour la première fois, d’Abdallah Ould Souleymane Ould Cheikh-Sidia – non pas dans les colonnes d’un journal ou sur un plateau de télévision, mais dans les confidences feutrées de feu Dr Abderrahmane Ould Jiddou, un ami cher à la parole rare mais précieuse.

Et pourtant, ce nom, aujourd’hui, revient sur toutes les lèvres à Nouakchott : dans les salons de Tevragh Zeina, dans les couloirs de l’administration, comme dans les taxis collectifs de la capitale. Sa récente nomination – tant attendue, presque réclamée – sonne comme une réhabilitation méritée, un juste retour d’un homme que l’on pourrait croire oublié, voire « gelé », pour des raisons que la raison elle-même peine à expliquer.

Un fonctionnaire, un vrai.

Né en 1961 à Boutilimit, Abdallah O. Souleymane incarne la figure rare du haut commis de l’État au parcours impeccable. Un mélange d’érudition traditionnelle – sa formation mahzaria l’ancre dans la culture islamique classique – et d’excellence académique moderne, acquise dans les plus grandes institutions de France et d’Afrique.

Docteur en sciences économiques (Nice-Sophia Antipolis, 2009), diplômé de Sciences Po Paris, de l’ENA (promotion René Char), il est également passé par l’Université de Dakar et l’Université de Rouen. Le parcours est dense, impressionnant, sans faille. L’homme semble avoir toujours été destiné à servir. Mais pas à briller. Du moins, pas sous les feux de la rampe.

Une absence remarquée… et surprenante.

C’est en septembre 2008, à la formation du gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, que le silence devient criant. Nombreux sont ceux, comme feu Dr Ould Jiddou, à s’interroger : pourquoi l’un des plus brillants cerveaux technocratiques du pays n’est-il pas de la partie ? À ce jour, la question reste sans réponse officielle. Mais dans les couloirs feutrés des ministères, l’incompréhension fut partagée, même par ceux qui ne le connaissaient qu’indirectement.

Et pour cause : l’homme a déjà prouvé. Ministre des Finances (2005–2007), Ministre des Affaires économiques (2003–2004), plusieurs fois Directeur au ministère du Plan… Il est aussi celui que la Banque mondiale, le FADES, la BAD et la BID ont connu comme gouverneur pour la Mauritanie. Un CV qui parle pour lui, sans besoin de tambours ni de trompettes.

Un parcours international… et une patience nationale.

Depuis 2007, c’est depuis le Koweït, en tant que Conseiller Économique Senior au sein du Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social (FADES), qu’il continue à servir. Silencieusement. Dignement. Peut-être même trop discrètement. Mais toujours avec cette rigueur et cette loyauté qu’on lui reconnaît, même parmi ses pairs les plus exigeants.

Un retour salué, des espoirs ravivés.

Aujourd’hui, la nomination récente d’Abdallah O. SOULEYMANE O. CHEIKH-SIDIA au poste de Ministre des Affaires économiques et du Développement suscite de vives réactions. Déjà à la tête de la CNAM entre 2023 et 2024, son ascension est perçue comme un signal fort : celui d’un retour au sérieux, à l’expertise, à une technocratie compétente, trop longtemps reléguée au second plan.

« C’est l’un des nôtres, et sans doute l’un des plus brillants », confie discrètement un ancien ministre, venu me saluer après ma libération.

Son retour a aussi valeur de symbole, presque d’hommage, à ceux qui, comme le regretté Dr Abderrahmane Ould Jiddou, n’ont jamais cessé de croire en lui. Car la reconnaissance prend parfois du temps. Mais lorsqu’elle finit par arriver, elle réveille les consciences, ravive les mémoires et répare, en silence, certaines injustices.

L’élégance du mérite

Dans une époque où les carrières se font parfois à coups de buzz ou d’alliances conjoncturelles, Abdallah O. Souleymane O. Cheikh-Sidia nous rappelle qu’il existe une autre voie : celle du mérite, de la patience, et du service public. Son parcours est une leçon pour tous ceux qui pensent que le silence est une faiblesse. Parfois, il est simplement la marque des géants.

Par Ahmed Ould Bettar, Rapide info, Nouakchott.

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