Haroun Ould Ideghbi : “Il est temps que les jeunes prennent la relève”
Haroun Ould Ideghbi, conseiller du Premier ministre, appelle à un changement générationnel audacieux. Il critique la persistance des retraités sur la scène politique et exhorte les jeunes à prendre l’initiative pour renouveler l'État-nation.
Nouakchott – Par la Rédaction Rapide info
Dans un message au ton ferme et sans détour, Haroun Ould Ideghbi, conseiller du Premier ministre Moctar Ould Diay, a récemment secoué la sphère politique mauritanienne avec une publication virale sur sa page Facebook. À travers une critique ciselée, il y dénonce la mainmise persistante des anciens sur la scène publique et appelle à une prise d’initiative audacieuse de la jeunesse mauritanienne.
Un sécularisme de façade ?
“Parmi les modèles du nouveau sécularisme : les villes réduites aux individus, les individus aux ‘meetings’, et les provinces aux retraités ressuscités”, écrit-il d’emblée, peignant un tableau glaçant d’un système vidé de sa vitalité. Haroun y fustige un modèle où les structures sociales traditionnelles, rongées par l’immobilisme, servent de décor à une politique d’influence verrouillée par des figures usées mais toujours aux commandes.
Le conseiller pointe le monopole d’influence que ces retraités exercent à travers les outils de l’État, dénonçant une stagnation du système politique où le changement générationnel semble retardé à dessein.
Le clash entre tradition et modernité
Au cœur de son propos : une critique frontale de l’héritage sociopolitique mauritanien. Il oppose l’idée moderne de l’État-nation, fondée sur l’égalité, aux structures hiérarchiques héritées du passé – chefferies, tribus, émirats – encore trop présentes dans l’imaginaire collectif et les rouages du pouvoir.
“Ces structures sont oblitérées par les discours de Djéol et d’Ouadane”, écrit-il, ciblant des récits historiques qui selon lui perpétuent un attachement au passé au détriment d’une citoyenneté égalitaire.
Une génération empêchée
Haroun Ould Ideghbi ne cache pas son amertume : “J’ai été patient avec eux, jusqu’à ce qu’ils prennent leur temps et jouent leur rôle. Puis les voilà, accrochés aux outils de l’État national.” Dans ses mots, une lassitude palpable, et un constat sévère : les anciens refusent de passer le flambeau.
Il propose alors une rupture claire : évincer les retraités de la scène publique, une démarche qui, selon lui, n’est plus une erreur comme certains veulent le faire croire, mais une nécessité historique.
Une jeunesse appelée à agir
“Les jeunes doivent prendre l’initiative”, martèle-t-il, les enjoignant à débarrasser la scène politique de ceux qui, selon lui, en bloquent l’évolution. L’image est forte : un espace public encombré par des figures figées dans un temps révolu.
Ce cri du cœur résonne comme un appel au réveil générationnel, à une jeunesse ambitieuse, prête à “contribuer à la nation” au lieu de rester spectatrice.
Vers un nouveau contrat social
Enfin, Haroun met en lumière un enjeu fondamental : la mise en place de services publics de base dans les États, condition sine qua non, selon lui, pour couper les racines de la dépendance et de la domination politique traditionnelle.
C’est, à ses yeux, le seul chemin viable pour sortir de la philosophie du pouvoir éternel et des “vanités consolidées” qui gangrènent encore l’espace républicain.
Un message clair, une rupture assumée, et un positionnement sans équivoque. Haroun Ould Ideghbi pose les jalons d’un débat crucial : celui de la transmission générationnelle, du renouveau politique, et de l’égalité comme socle de l’État moderne. Le temps des bilans semble révolu, place à l’action.