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Comment peut-on être communautariste harratine?

Comment peut-on être communautariste harratine?

Certains communautaristes harratines, qui ont du mal à justifier leur sectarisme anti-maure, évoquent une injustice historique envers leurs parents et grands-parents, à savoir le système esclavagiste.
C’est une excuse peu convaincante. L’injustice historique et l’esclavage antérieur ne peuvent pas être considérés comme des arguments politiques valables dans une vraie démocratie.
L’esclavage, faut-il le rappeler, n’était pas l’apanage des Maures. Toutes les ethnies négro-africaines l’avaient mis en pratique. Pourtant, ni les Maccubé, ni même les Rimaïbé, qui étaient anciens esclaves peuls, ne se servent de ce prétexte pour s’éloigner de leur société traditionnelle et revendiquer une nouvelle identité.
En ce qui concerne les injustices historiques, chaque groupe social les a endurées d’une manière, ou d’une autre sans que sa descendance doive demander un statut particulier ou des réparations.
À qui serait-il permis de demander des comptes, et à qui, à un autre groupe de citoyens ou à l’État qui n’était pas encore né ?
Il est indéniable que les Beïdanes sont visés pour avoir exercé leur domination sur ce territoire depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours.
Frustrés, les nationalistes pulaars avaient déjà fait tout ce qu’ils pouvaient pour les déloger, mais sans succès.
Actuellement, un groupe de communautaristes harratines zélés, persuadés que le moment est venu, pense pouvoir chasser les Beïdanes, qui ne sont pas des Noirs, en exploitant l’histoire de l’esclavage et de l’injustice comme levier électoral pour remporter la prochaine élection présidentielle.
Fausse manœuvre. Si c’est une question de communauté, l’alternance est vouée à l’échec. La règle démocratique ne suit pas cette logique : un homme et une voix, et non une communauté et son nombre de voix. Donc, le rapport de force sera communautaire. Dans ce cas, les ‘Blancs’ seront strictement monolithiques. Tous leurs partis politiques et toutes leurs forces seront engagés à maintenir le statu quo.
Malheureusement, les communautaristes oublient que les Maures ont été à l’origine de toutes les initiatives de changement dans ce pays, et ils ne se fixaient jamais comme seul critère que leur ethnie ou leur race reste au pouvoir.
En outre, les Harratines ne sont pas discriminés en raison de leur ascendance. Ils peuvent bel et bien accéder à l’éducation, à la justice et participer à la vie politique. Si jamais ils sont lésés, cela est dû à des problèmes de gouvernance et non d’appartenance sociale.
Quant aux Maures, ils s’étaient déjà rendus à l’État avec ‘armes et bagages’, et demeurent convaincus que leur pouvoir et leur puissance en tant que tribus ont disparu avec l’avènement de la République. L’émir n’est plus émir, l’aristocrate n’est plus aristocrate et le rebut de la société n’est plus le même que dans le passé.
À ce sujet, on raconte que Messaoud Ould Boulkheir, lorsqu’il était ministre de son État, s’est rendu dans son village natal, au Hodh Echarghi. En accueillant les salamalecs traditionnels, il aperçut un homme modeste se diriger vers lui et son assemblée. Il le reconnut et murmura : ‘’Ce monsieur que vous voyez arriver est celui que j’ai remplacé à l’école des fils de notables. Son père a fermement refusé de le confier aux Français pour l’éduquer. Je suis ministre et il est simplement éleveur, voilà le résultat’’.
C’est ainsi la République.

Ely Ould Sneiba
Le 14 septembre 2025

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