WhatsApp, nouvel arbre à palabres de la Mauritanie
WhatsApp, nouvel arbre à palabres de la Mauritanie
En Mauritanie, les réseaux sociaux ne sont plus de simples plateformes de communication, ils sont devenus le véritable baromètre de la vie politique et sociale. Là où la télévision et la radio, jadis perçues comme les grandes écoles de l’éveil citoyen, peinent désormais à remplir leur mission, les groupes WhatsApp se sont installés comme le nouvel « arbre à palabres » du pays.
Dans ces espaces virtuels, qu’ils soient arabophones ou négro-africains, toutes les sensibilités trouvent leur place. On y débat de gouvernance, de justice sociale, de chômage, d’éducation ou encore des tensions identitaires. La diversité des points de vue, la spontanéité des échanges et la liberté de ton contrastent fortement avec la rigidité et le manque de pluralisme des médias traditionnels.
Cet engouement pour les réseaux sociaux traduit deux réalités. La première, positive, marque une démocratisation de la parole publique : chacun peut désormais s’exprimer, faire entendre sa voix, interpeller les autorités ou dénoncer des injustices. Les discussions se propagent à une vitesse inédite, donnant aux citoyens le sentiment de participer à la vie publique bien plus activement qu’auparavant.
Mais la seconde réalité est plus préoccupante. L’absence de filtres éditoriaux favorise aussi la désinformation, les rumeurs et la polarisation. Au lieu de construire un dialogue national apaisé, certains groupes deviennent le théâtre de confrontations identitaires ou politiques, exacerbant les divisions au sein de la société.
Reste que le constat est implacable : en 2025, les réseaux sociaux sont devenus le miroir de la Mauritanie, avec ses fractures, ses espoirs et ses contradictions. Ils sont le lieu où se mesure quotidiennement l’état de la conscience collective. Tant que la télévision et la radio ne retrouveront pas une parole libre et représentative, la Mauritanie continuera de se réunir au coin de ses écrans, autour de ce nouvel arbre à palabres désormais numérique.
Abdoulaziz DEME
Le 12 Septembre 2025
