Houssein Ould Meddou : l’éternel homme de communication devenu ministre
C'est le parcours fascinant de Houssein Ould Meddou, l'homme de communication devenu ministre de la Culture, des Arts et de la Communication en Mauritanie. De ses débuts à Kiffa à son rôle de régulateur des médias, plongez dans la vie d'un intellectuel aux multiples facettes.
Né le 31 décembre 1973 à Kiffa, Houssein Ould Meddou a su transformer sa passion pour la communication en un véritable atout politique. De ses débuts à l’université jusqu’à son ascension en tant que ministre, il incarne un parcours marqué par la curiosité, l’engagement et une vision unique de la communication dans la société mauritanienne.
Kiffa, un 31 décembre 1973. Tandis que le pays s’apprête à franchir un cap d’année, une naissance discrète voit le jour dans la chaleur de l’Assaba. Celle d’un enfant que ses proches décrivent vite comme curieux, passionné de lecture et amateur de débats. Cinquante ans plus tard, cet enfant devenu adulte porte l’un des portefeuilles les plus sensibles du pays : la Culture, les Arts, la Communication et les Relations avec le Parlement.
Un itinéraire forgé dans les mots
Ould Meddou a grandi à Kiffa entre école primaire poussiéreuse et rêves d’ailleurs. Ses cahiers d’écolier, noircis de lettres et de citations, annonçaient déjà, dit-on, son amour du verbe. Après un bac Lettres en 1992, il s’envole pour Alger, capitale bouillonnante des années 1990, où il décroche une licence en Lettres puis un doctorat en sciences de l’information et de la communication. Ce passage par l’Algérie marquera profondément sa vision : une communication comme art de persuasion, mais aussi comme arme politique.
Les premiers pas dans la machine étatique
En 2000, tout juste revenu de ses études, on le retrouve chargé de communication au ministère des Affaires étrangères. Quatre ans plus tard, je l’ai personnellement croisé au ministère de la Santé. Il dirigeait une cellule de communication qui n’avait pas grand-chose à dire. Et pourtant, il arrivait à occuper l’espace, toujours souriant, disponible, d’un contact facile. Déjà, il savait transformer le vide en discours et donner l’impression qu’il y avait une histoire à raconter, même lorsqu’il n’y en avait pas.
Entre journaliste et militant
Ould Meddou ne s’est pas contenté de rester fonctionnaire. Il est entré dans la presse, a fondé et dirigé des médias, écrit des articles, analysé la vie politique. De 2009 à 2013, il a même dirigé le Syndicat des journalistes mauritaniens, avec une énergie qui a marqué ses pairs. Mais derrière le journaliste engagé, il y avait aussi l’enseignant passionné : des salles de cours de l’Université de Nouakchott à l’ENAJM, il a formé toute une génération de communicants. Ses étudiants se souviennent d’un professeur exigeant, mais généreux, capable d’illustrer un concept théorique par une anecdote tirée de ses propres expériences dans les coulisses du pouvoir.
L’international comme vitrine
On l’a vu, au fil des ans, prendre la parole dans des forums africains, arabes et internationaux, commenter l’actualité pour des télévisions étrangères, défendre une idée de la communication qui soit à la fois outil de modernité et miroir des sociétés. Il cultivait alors l’image d’un intellectuel cosmopolite, nourri par ses lectures et ses rencontres.
De régulateur à ministre
En 2020, il franchit une étape clé : la présidence de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA). Là encore, il joue un rôle d’équilibriste, tentant de concilier liberté et régulation dans un paysage médiatique en pleine effervescence numérique. Une expérience qui l’a préparé à son poste actuel de ministre.
L’homme derrière la fonction
Mais derrière l’officiel, il y a l’homme. Travailleur, affable, d’un naturel chaleureux. Pourtant, aussi proche qu’on puisse être de lui, on découvre parfois une autre facette : celle de l’homme prudent, qui mesure chaque geste. Je peux en témoigner : lors d’une période sombre de ma vie, une garde à vue, je l’attendais. Je pensais qu’il viendrait. Il n’est pas venu. Il n’est plus le militant, c’est Ould Maaloum qui m’a rendu visite en signe de solidarité.
Était-ce la crainte de froisser un exécutif devenu, à force, intimidant pour beaucoup d’entre nous ? Peut-être. Ce silence m’a rappelé une vérité dure, mais banale : en politique, même les soutiens, la parenté et les amitiés sincères se heurtent aux murs invisibles du pouvoir.
Un homme de contradictions
C’est peut-être ce qui fait la singularité de Houssein Ould Meddou. Brillant, travailleur, loyal à ses idéaux quand il s’agit de presse et de culture, mais aussi stratège, soucieux de ne pas franchir certaines lignes. Sa trajectoire raconte celle d’un homme qui a grandi avec le verbe et qui a su en faire une arme, un outil de reconnaissance et aujourd’hui un instrument de pouvoir.
Et si l’on devait retenir une image de lui ? Celle d’un homme qui sait écouter, sourire et rassurer. Un homme qui, même quand il choisit le silence, reste habité par une conviction : la communication, c’est avant tout une façon d’exister dans le regard des autres.
Ahmed Ould Bettar