Mauritanie : les autorités ferment le site Anbaa.info et interdisent son activité
Les autorités mauritaniennes ont fermé Anbaa.info et interdit son directeur de publication d’exercer, invoquant la protection des relations avec l’Algérie.
Les autorités mauritaniennes ont officialisé la fermeture du site Anbaa.info, invoquant la diffusion de contenus susceptibles de nuire aux relations avec l’Algérie. La décision suscite un débat sur les limites de la liberté de la presse et la régulation des médias en Mauritanie.
Les autorités mauritaniennes ont décidé de fermer définitivement le site d’information Anbaa.info et d’interdire à son directeur de publication, Cheikh Ahmed Amine (ou Lamine, selon certaines sources), d’exercer toute activité médiatique. L’annonce lui a été notifiée lundi 25 août par la brigade nationale de lutte contre la cybercriminalité à Nouakchott, en exécution d’une décision de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) validée par le ministère de la Communication.
Selon les informations recueillies, le journaliste a également reçu l’ordre de fermer les pages du site sur les réseaux sociaux et de cesser toute publication sous l’enseigne Anbaa.info.
Un dossier judiciaire et administratif sensible
Cette mesure intervient après plus de trois semaines de blocage du site en Mauritanie, période marquée par des explications contradictoires de la part des autorités. Dans un premier temps, celles-ci avaient nié toute fermeture, évoquant même une « cyberattaque » qui aurait visé la plateforme. Finalement, la décision officielle est tombée sous la forme d’une interdiction définitive, justifiée par des plaintes conjointes du parquet général, du ministère de la Communication et de la HAPA.
Ces institutions accusent le site arabophone de « vouloir détériorer les relations entre la Mauritanie et l’Algérie » par la publication d’articles jugés hostiles à Alger. Le directeur a été convoqué et entendu à ce sujet par les services spécialisés.
Un climat de méfiance lié au dossier du Sahara occidental
Depuis plusieurs années, Anbaa.info se trouve dans le collimateur des autorités mauritaniennes et algériennes. En mars 2024, le site avait déjà été sanctionné par la HAPA, qui l’avait rendu inaccessible pendant deux mois, l’accusant d’« atteinte à l’Algérie » et de diffusion de fausses informations.
Plus en amont, en janvier 2023, l’ambassade d’Algérie à Nouakchott avait accusé une partie de la presse locale d’être « à la solde d’un État ennemi », en allusion au Maroc. L’ambassade dénonçait alors « l’enrôlement » de certains médias par des moyens financiers, des avantages matériels ou des voyages. Déjà en 2021, l’ex-ambassadeur Mohamed Benattou avait demandé à la HAPA de sévir contre des organes de presse mauritaniens considérés comme « hostiles » aux positions algériennes.
Liberté de la presse sous condition
De son côté, le ministère de la Communication a tenu à préciser que la liberté de la presse « reste garantie » en Mauritanie, mais qu’elle doit s’exercer « dans le respect des responsabilités professionnelles et légales ». Tout dépassement susceptible de « porter atteinte à la paix sociale ou aux relations bilatérales » sera sanctionné, a rappelé le département.
Cette affaire illustre les tensions croissantes autour de la couverture médiatique des relations entre la Mauritanie et l’Algérie, pour les défenseurs de la liberté d’expression, la fermeture définitive de Anbaa.info marque un précédent inquiétant dans la régulation de la presse en Mauritanie.
Pour les autorités, il s’agit au contraire d’un signal fort contre ce qu’elles qualifient de « fake news » et d’« ingérences étrangères ».
Rapide info avec agences