Mohamed Ould Cheikh Ghazouani : entre autorité militaire et indépendance politique
Loin d’être sous l’emprise de l’armée ou des lobbyistes, Ould Cheikh Ghazouani affirme son autonomie en restructurant l’appareil sécuritaire et en consolidant son pouvoir.
Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, avec son profil calme et réservé, incarne précisément ce paradoxe. Cette image tranquille masque une expérience militaire robuste et un sens stratégique affûté. Son rôle ancien dans l’armée et la manière dont il a su progressivement asseoir son autorité montre qu’il n’est certainement pas un homme à sous-estimer. Cependant, cela ne veut pas dire nécessairement tromperie ou duplicité dans l’intention, mais plutôt une capacité à agir avec prudence et retenue pour préserver stabilité et contrôle. Les faits montrent que le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, loin d’être un simple instrument de l’armée ou des lobbyistes mauritaniens, est lui-même un artisan de l’appareil sécuritaire du pays. Ancien chef d’état-major de l’armée pendant dix ans, puis ministre de la Défense, il maîtrise parfaitement les cercles militaires et sécuritaires, et s’est personnellement entouré d’hommes de confiance, souvent issus de ses réseaux militaires, pour piloter la stratégie de sécurité de la Mauritanie. Au cours de son mandat, Ghazouani a effectué un important remaniement militaire, nommant de nouveaux chefs tout en prenant ses distances avec toute influence extérieure excessive, y compris celles venant des anciens alliés comme l’Algérie, et des lobbyistes pro-israéliens, auxquels il a fermé la porte. Cette autonomie est saluée comme un signe de souveraineté dans ses décisions, dans un contexte où l’armée mauritanienne bénéficie du budget le plus important et reste centrale dans le maintien de la stabilité nationale. Plutôt que d’être piégé, Ghazouani a su s’affirmer, nettoyer progressivement l’appareil d’État des influences de son prédécesseur et remettre le dialogue national à l’avant-plan. Cela a été reconnu par de nombreux observateurs comme un exercice de prudence, de consensus et de volonté de préserver la stabilité, dans un pays longtemps marqué par des coups d’État militaires et l’influence de groupes d’intérêts. En résumé : si certains groupes militaires et économiques tentent, comme partout ailleurs, d’influencer la présidence, l’ensemble des analyses sérieuses montre que Ghazouani agit avec une certaine indépendance et tient personnellement les rênes de l’État, à la fois face à l’armée et aux lobbyistes, nationaux ou internationaux. L’influence de l’armée sur Mohamed Ould Cheikh Ghazouani est un sujet complexe, mais les faits montrent que, bien que l’armée soit traditionnellement très puissante en Mauritanie, Ghazouani maîtrise lui-même cette institution et en a même consolidé le contrôle depuis son arrivée au pouvoir. Dès la première année de son mandat, Ghazouani a procédé à d’importantes nominations, écartant de nombreux proches de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz, pour placer à des postes clés ses propres personnes de confiance. Ce remaniement lui a permis de s’affirmer comme le véritable chef et de s’assurer de la loyauté de l’appareil militaire. Ghazouani, ancien chef d’état-major de l’armée pendant 10ans, garde un respect étendu au sein des troupes et bénéficie d’un large consensus militaire. Il n’est donc pas considéré comme un « homme de paille » de l’institution, mais comme un véritable stratège capable d’équilibrer les différents courants internes de l’armée et d’imposer ses vues. Pour finir ! L’armée reste une colonne vertébrale du pouvoir, mais Ghazouani la dirige et la restructure selon ses propres orientations. L’influence militaire sur le chef de l’État existe, mais dans le cas de Ghazouani, elle s’exerce à travers sa propre autorité et ses réseaux internes, plus qu’à travers une dépendance subie ou une manipulation extérieure. La posture de Ghazouani montre donc qu’il agit avec une forte autonomie, en s’appuyant sur l’armée… mais sans en être prisonnier..
A suivre…
Abdoulaziz DEME
Le 18 Août 2025