Mauritanie : cris de rue et salons climatisés, quand le fossé se creuse entre pouvoir et citoyens

Macadam brûlant, salons glacés

Nouakchott. Soleil coupant. Bitume brûlant. L’air tremble.

Un cri jaillit.
Puis un autre.
La foule s’agite.

L’Opposant (poing levé, voix cassée)
— L’eau ! L’électricité ! On crève de chaleur ! Vous entendez ? On crève !

Le son rebondit sur les murs, se perd dans la poussière.
De l’autre côté, dans un bureau climatisé…

Le Pouvoir (costume impeccable, ton assuré)
— Le pays avance ! Les chiffres sont bons ! Les projets se concrétisent !

Au coin de la rue, un homme sue.
Casquette enfoncée, regard vide.

Le Citoyen
— Des projets ? Où ça ? Moi, j’ai juste des coupures. Un frigo vide. Et des factures qui gonflent.

Le journaliste, lui, capte tout.
Ses yeux vont des banderoles aux écrans de téléphone.
Sur Facebook Live, un ministre s’affiche, tasse de thé à la main.

Le Ministre (souriant à sa caméra)
— Salam à tous ! Ici, je savoure le meilleur atay de la semaine ! #MomentDeDétente

La foule rugit à nouveau.
Les slogans sont plus secs que le vent du désert.

L’Opposant
— Regarde ton peuple ! Pas ton sucre !

Mais la scène se dédouble.
Pendant qu’ici on crie, ailleurs on rit.
Un autre ministre poste un selfie, bol de lait de chamelle levé.

Le Ministre
— Santé à tous ! Le lait pur du désert, ça fortifie !

L’Opposant
— Fortifie quoi ? Tes vacances ?

Le silence retombe.
Seul le bourdonnement des climatiseurs répond aux clameurs.

Voix collective
— Le couple présidentiel promet… Santé… Éducation… Inclusion…

Mais ce « mais » reste planté là.
Comme une ombre au milieu du soleil.

Le Journaliste (murmurant en rangeant son carnet)
— Voilà notre théâtre. Les rues brûlent. Les bureaux sourient. Et entre les deux… rien que l’air chaud.

Ahmed OULD BETTAR

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