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Dialogue national ou mise en scène politique ?

Le soi-disant dialogue national proposé par le parti El Insaf n’est qu’une mise en scène politique. Cette tribune démonte l’hypocrisie d’un processus exclusif déguisé en concertation inclusive.

Dialogue national ou mise en scène politique ?
Réponse à l’insignifiant ectoplasme Sidi Ahmed Ould Mohamed, président du parti El Insaf

« Le dialogue aura lieu avec ceux qui sont présents, sans conditions préalables » – Cette phrase, prononcée sans honte par le président du parti au pouvoir, résume à elle seule l’arrogance institutionnalisée et le mépris assumé du régime envers les principes élémentaires d’un dialogue national véritable.
C’est une insulte à l’intelligence collective, une provocation à peine voilée lancée à l’opposition, à la société civile libre, aux voix critiques et aux victimes du système. Ce n’est pas un appel au dialogue : c’est un monologue d’État, un ultimatum déguisé.
Une manœuvre d’exclusion maquillée en ouverture
L’initiative dite « inclusive » du président Ghazouani n’est rien d’autre qu’un exercice de communication politique, sans volonté réelle d’écouter, sans cadre sincère, sans justice préalable, et sans garantie d’engagement. Quand on refuse de poser les vraies questions – celles de la répression, de l’impunité, de l’exclusion systémique, de la falsification du vivre-ensemble – on ne dialogue pas, on manipule.
Depuis quand un dialogue sérieux se fait-il sans cadre, sans garanties, sans conditions claires ? Depuis quand les victimes de l’injustice doivent-elles venir « discuter librement » dans une arène contrôlée par ceux-là mêmes qui ont organisé leur marginalisation ?
Avec ou sans vous ? Non. Pas sans la vérité.
Quand Sidi Ahmed Ould Mohamed affirme que « le dialogue se fera avec ceux qui sont présents », il enterre d’avance toute légitimité au processus. Car un dialogue national ne peut exclure ceux qui dérangent. Il ne peut se réduire à un cercle d’applaudisseurs du régime ou de figurants triés sur le volet. Il ne peut contourner les sujets douloureux sous prétexte de consensus.
Ce genre de formule autoritaire — “avec ou sans vous” — ne relève pas de la démocratie. Il rappelle les pratiques d’un pouvoir qui veut tout contrôler, tout décider, tout verrouiller. Un dialogue sous contrainte n’est pas un dialogue, c’est une mascarade.
Le régime veut le calme, pas la justice
Ce que cherche ce pouvoir, ce n’est pas la paix sociale, c’est le silence. Il veut une Mauritanie obéissante, docile, muette. Il veut éteindre les voix qui rappellent les promesses trahies, les humiliations passées, les urgences ignorées. Mais qui chantera encore notre dignité si nos voix se taisent ?
Dimih Mint Abba l’a chanté : la Mauritanie des oubliés, des humiliés, des résistants. Et cette voix-là ne se taira pas, qu’El Insaf le veuille ou non.
Ce dialogue n’aura aucun sens sans rupture morale
Un dialogue digne de ce nom suppose d’abord la reconnaissance du tort, l’engagement à corriger les injustices, et un cadre équitable. Il suppose des garanties institutionnelles, une parole respectée, des actes concrets.
Sinon, mieux vaut le boycott que la compromission. Mieux vaut l’absence digne que la présence instrumentalisée.
Nous ne sommes pas des figurants dans une pièce écrite à l’avance par ceux qui confondent gouvernance et domination. La Mauritanie ne guérira pas par des simulacres. Elle ne s’unira pas sur des mensonges. Elle ne se réconciliera pas dans le flou.
Conclusion : le vrai dialogue commence par le respect
Si le président du parti Insaf veut parler de paix, qu’il commence par écouter. S’il veut parler de réconciliation, qu’il commence par reconnaître les fautes de son régime. S’il veut parler d’inclusivité, qu’il cesse d’exclure d’avance ceux qui refusent la langue de bois.
Le vrai dialogue commencera le jour où le régime cessera de mépriser les consciences, le jour où la vérité primera sur le décor, le jour où le peuple ne sera plus un alibi, mais l’acteur central.
Jusque-là, ce que propose Insaf n’est pas un dialogue, c’est un piège politique.

Sy Mamadou

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