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Éditorial : Pour que l’Adrar reste sacré

Un appel à préserver la richesse naturelle et culturelle de l’Adrar en mettant en place un accès sélectif aux sites patrimoniaux, afin de respecter leur sacré et leur authenticité.

Éditorial : Pour que l’Adrar reste sacré

la ministre du Commerce et du Tourisme, Zeinebou Mint Ahmednah, a lancé, dans un souffle de renaissance, la saison de la cueillette (Gueïtna), sous le slogan évocateur : « Mon pays, ma destination ».C’est sous le ciel chaud et immense d’Atar, ce ciel qui semble toujours raconter une histoire ancienne, que la ministre du Commerce et du Tourisme, Zeinebou Mint Ahmednah, a lancé, dans un souffle de renaissance, la saison de la cueillette (Gueïtna), sous le slogan évocateur : « Mon pays, ma destination ». Ce n’est pas seulement une formule marketing ; c’est une poésie, une invitation, un appel du cœur.

Car la Mauritanie, il ne faut pas la consommer comme une carte postale ; il faut l’aimer, il faut la mériter.

Dans le halo de cette soirée, en présence du ministre de la Culture, des Arts et de la Communication, El Houssein Ould Meddou, et du wali de l’Adrar, Abdellah Ould Mohamed Mahmoud, on a senti une volonté nouvelle souffler sur les dunes et les palmiers : faire du tourisme intérieur non pas un luxe mais une nécessité nationale, une promesse de développement enracinée dans le respect de l’identité.

La ministre l’a affirmé avec force : ce programme répond à l’appel du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui voit dans le tourisme une semence féconde pour la cohésion et l’économie locales.

Mais, à cette heure de réveil touristique, une supplique se fait entendre du cœur même de l’Adrar.

Préserver les joyaux : un devoir d’honneur

Il est des lieux où le silence raconte plus que les mots, où les pierres gardent les secrets des siècles. Graret Levras, El Aouje, Azoueigua… Ces noms résonnent comme des vers de poésie ancienne. Ce sont des sanctuaires naturels, des fresques vivantes de notre patrimoine.

Peut‑on vraiment ouvrir ces lieux aux pas pressés et aux regards sans âme ?
Peut‑on en faire de simples escales sur une carte touristique banalisée ?
Non. Ces sites ne doivent pas être livrés au tourisme de masse, à la curiosité vide, à la photographie vaine.

Il faut mériter leur accès.

C’est pourquoi, dans un geste à la fois symbolique et protecteur, nous appelons la ministre à instituer un droit d’accès sélectif :

100 000 MRU pour les touristes étrangers ;
50 000 MRU pour les Mauritaniens d’autres régions ;
20 000 MRU pour les habitants de l’Adrar (hors Aoujeft) ;
Accès gratuit pour les ressortissants de la Moughataa d’Aoujeft, gardiens naturels de ces trésors.

Ce n’est pas une barrière ; c’est un filtre. Une façon de rappeler que ces joyaux ne se livrent qu’à ceux qui les respectent.

Mon pays, mon mystère…

Dans un monde qui va trop vite et piétine tout sur son passage, la Mauritanie peut choisir une autre voie : celle du respect, de la lenteur, de l’initiation. Car visiter un site comme Azoueigua, c’est entrer en contact avec le sacré — un pèlerinage, non une simple balade. Et tout pèlerinage se prépare, se mérite.

Madame la Ministre,
Vous avez ouvert une page lumineuse du livre du tourisme mauritanien.
Ne la laissez pas être souillée par la facilité.
Faites que ces lieux d’exception restent des écrins d’émotion pour ceux qui savent voir, qui savent ressentir.
Faites que l’Adrar ne soit pas consommé, mais contemplé.

Qu’il demeure un mystère.
Et que seuls les cœurs purs aient le privilège d’y entrer.

Ahmed Ould Bettar

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