Mauritanie : un programme de mécanisation agricole en panne d’élan malgré les annonces
Réunion ministérielle à Nouakchott sur la mécanisation agricole : promesses renouvelées, mais les blocages structurels demeurent.
Mécanisation agricole en Mauritanie
Nouakchott, 16 juillet 2025 – Alors que la Mauritanie peine toujours à traduire ses ambitions agricoles en résultats concrets, les ministres de l’Agriculture, de l’Emploi et de la Décentralisation ont rencontré, mercredi à Nouakchott, les présidents de plusieurs conseils régionaux dans le but de relancer la deuxième phase du programme de mécanisation agricole. Une initiative qui, malgré ses annonces répétées, semble engluée dans une dynamique institutionnelle lente et peu lisible.
La rencontre a réuni M. Menna Beibatta, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, M. Mohamed Abdallahi Ould Louly, ministre de l’Autonomisation des Jeunes, de l’Emploi, des Sports et du Service civique, ainsi que M. Yacoub Salem Vall, ministre délégué chargé de la Décentralisation et du Développement local. Étaient également présents les représentants des conseils régionaux du Trarza, Brakna, Guidimagha, Inchiri et Hodh Charghi, ainsi que le secrétaire général de l’Association des conseils régionaux de développement.
Une deuxième phase encore floue
L’ordre du jour portait sur le transfert de 80 tracteurs et leurs équipements vers des « zones cibles », une étape censée marquer l’entrée dans une nouvelle phase du programme. Pourtant, aucune date précise ni critère de sélection clair des zones concernées n’a été dévoilé.
Dans son intervention, le ministre de l’Agriculture a retracé les origines de ce programme lancé en 2022, conformément, a-t-il rappelé, aux instructions du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Il a annoncé la création d’un comité technique interministériel chargé de définir les modalités d’exécution, laissant entrevoir une fois de plus un délai supplémentaire dans un processus qui tarde à décoller.
De la formation des jeunes… à quand l’action ?
Le ministre de l’Emploi a, pour sa part, évoqué la participation de son département dans la sélection et la formation de jeunes destinés à opérer les machines agricoles. Une mesure prometteuse, mais qui, sans structure d’accompagnement, risque de rester à l’état de simple intention.
Un secteur agricole toujours à la traîne
Malgré les discours récurrents sur l’autosuffisance alimentaire, la Mauritanie reste dépendante des importations. Les projets de mécanisation, bien que cruciaux, butent sur des lourdeurs administratives, un manque de coordination et des tensions interinstitutionnelles.
Cette réunion permettra-t-elle de lever les blocages ? Rien ne le laisse penser pour l’instant. Les défis sont nombreux : déficit d’infrastructures rurales, accès limité à l’eau et au crédit, mauvaise gouvernance des équipements livrés… Une situation qui interroge sur la réelle volonté politique de transformer ce secteur clé de l’économie mauritanienne.
Alors que les agriculteurs attendent des actions concrètes, les réunions ministérielles se succèdent, renforçant le sentiment d’un immobilisme institutionnalisé.
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