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Bilan de mi-mandat de Ghazouani : entre stabilité, projets économiques et attentes sociales

À mi-mandat de son second quinquennat, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani affiche un bilan contrasté : stabilité politique, grands projets gaziers, mais des défis sociaux et démocratiques encore non résolus.

Bilan de mi-mandat de Ghazouani
Alors que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani entame la seconde moitié de son second mandat présidentiel, le bilan intermédiaire de son action révèle un équilibre complexe entre stabilité institutionnelle, ambitions économiques et attentes sociales non comblées. Tour d’horizon des acquis et des limites d’une présidence en quête d’équité et de modernisation.

Une stabilité politique maîtrisée dans un contexte régional troublé

Depuis sa réélection en 2024, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a renforcé l’ancrage institutionnel de la Mauritanie. Alors que la région sahélienne connaît une série de bouleversements politiques — avec des coups d’État militaires au Mali, au Niger ou encore au Burkina Faso —, la Mauritanie se distingue par une stabilité constante.

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Ce capital politique, Ghazouani l’a consolidé à travers un dialogue national inclusif en 2024, bien que jugé insuffisant par une frange de l’opposition. Le pays évite pour l’instant la polarisation extrême, sans pour autant amorcer une transformation politique majeure.

Des projets économiques structurants mais à concrétiser

L’un des piliers de la stratégie présidentielle repose sur l’exploitation des ressources naturelles. Le lancement du projet gazier GTA (Grand Tortue Ahmeyim), en partenariat avec le Sénégal et des acteurs internationaux, marque un tournant potentiel pour l’économie nationale.

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Les premiers flux commerciaux sont attendus à partir de fin 2025, avec des retombées espérées sur l’emploi et les finances publiques.

Parallèlement, la Mauritanie a renforcé ses partenariats énergétiques, notamment avec l’Union européenne et les pays du Golfe, misant sur les énergies renouvelables et les métaux critiques. Toutefois, ces avancées restent embryonnaires pour une population qui attend des améliorations concrètes de ses conditions de vie.

Justice et lutte contre la corruption : une volonté affichée

Le procès et la condamnation de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz ont constitué un événement judiciaire majeur, perçu comme une rupture symbolique avec l’impunité. Ghazouani a mis en avant son attachement à l’État de droit, avec un renforcement des audits et de la transparence publique.
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Néanmoins, certains dénoncent une justice à géométrie variable, épargnant les proches du pouvoir.

Inclusion sociale : des efforts ciblés mais des attentes fortes

Le président a poursuivi les programmes de la Délégation TAAZOUR, notamment dans les domaines du logement social, de la lutte contre la pauvreté et de la protection des couches vulnérables.

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Des concours publics ont également intégré davantage de jeunes et de femmes. Mais la pauvreté reste endémique dans les zones rurales, et les inégalités régionales se creusent.

La question du passif humanitaire, liée aux événements des années 1989-1991, reste peu abordée officiellement. Les organisations de défense des droits humains comme comme AFCF appellent à une reconnaissance institutionnelle et à une vraie politique de réconciliation nationale.

Libertés publiques : entre ouverture contrôlée et tensions

Si la liberté de la presse n’est plus étouffée comme par le passé, des journalistes font encore l’objet d’intimidations ou de convocations. Des ONG, telles qu’Amnesty International ou Human Rights Watch, signalent des arrestations arbitraires et une surveillance croissante des réseaux sociaux. L’engagement du président en faveur des libertés fondamentales reste encore timide sur le terrain.
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Jeunesse, emploi et services publics : un talon d’Achille

Le chômage des jeunes demeure l’un des problèmes les plus alarmants du pays. Malgré des initiatives de formation et d’insertion, le tissu économique peine à absorber les nouveaux diplômés. L’éducation et la santé souffrent encore d’un manque de moyens, d’un encadrement déficient et de grèves récurrentes. L’administration reste perçue comme lente, centralisée et parfois corrompue.

Une présidence prudente, en quête d’élan réformateur

À mi-parcours de son second mandat, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a réussi à consolider son pouvoir et à maintenir le pays sur une trajectoire stable. Mais cette prudence politique, bien qu’appréciée pour sa modération, montre ses limites face aux urgences sociales et aux attentes démocratiques. Le président devra, dans les mois à venir, passer de la gestion à la transformation, et oser les réformes de fond.

Rédaction Rapide info

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