Mauritanie-USA : vers un partenariat stratégique à Washington
En marge du mini-sommet USA-Afrique, la Mauritanie veut renforcer ses liens avec Washington et bâtir un partenariat stratégique fondé sur la stabilité et l'énergie.
Washington, D.C. – À la veille du mini-sommet États-Unis-Afrique, qui se tient dans un contexte géopolitique chargé, la Mauritanie entend jouer une carte diplomatique majeure en réaffirmant sa volonté de hisser ses relations avec les États-Unis à un niveau stratégique, fondé sur la confiance, l’intérêt mutuel et la stabilité régionale.
Arrivé mardi soir dans la capitale fédérale américaine, Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie, entame une visite cruciale. Ce déplacement s’inscrit dans une dynamique de repositionnement géostratégique du pays, alors que Nouakchott sort renforcée de son mandat à la tête de l’Union africaine, où elle a marqué les esprits par une présidence équilibrée, diplomatiquement active et largement saluée sur le continent.
Un pont entre deux Afriques
Historiquement, la Mauritanie a toujours occupé une position singulière en Afrique. À la croisée des mondes arabo-berbère et subsaharien, elle a été un trait d’union naturel entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord. Aujourd’hui, cette spécificité géographique et culturelle confère au pays un rôle de médiateur naturel, capable de dialoguer avec toutes les composantes du continent. Ce profil unique constitue un atout indéniable dans les échanges diplomatiques à haut niveau, notamment avec les grandes puissances telles que les États-Unis, à la recherche de partenaires fiables et enracinés dans leur région.
Une stabilité rare dans une région tourmentée
Dans une bande sahélienne marquée par l’instabilité, la Mauritanie se distingue par sa résilience. Le pays est aujourd’hui l’un des rares États de la région à assurer seul sa propre sécurité, à préserver l’intégrité de son territoire et à contenir les menaces transfrontalières liées au terrorisme et au trafic illicite. Cette performance, saluée par plusieurs chancelleries occidentales, est le fruit d’une stratégie sécuritaire nationale proactive, combinée à une coopération régionale intelligente dans le cadre du G5 Sahel et d’initiatives bilatérales.
Le système politique mauritanien, bien qu’imparfait comme tout système en évolution, reste l’un des plus fonctionnels du continent. Régulièrement tenues, les élections se déroulent dans un climat globalement pacifique, avec la participation d’une opposition pluraliste. Ce cadre démocratique, jugé « acceptable » par les standards internationaux, renforce la crédibilité de la Mauritanie sur la scène diplomatique.
Des atouts économiques qui séduisent Washington
Au-delà de la diplomatie et de la sécurité, ce sont surtout les perspectives économiques qui attirent l’attention américaine. Le démarrage récent de l’exploitation du gaz naturel liquéfié dans le champ offshore Grand Tortue Ahmeyim (GTA), à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, ouvre une ère nouvelle pour le développement énergétique du pays. Ce projet, soutenu par des partenaires internationaux de premier plan, dont BP et Kosmos Energy, marque le début d’une exploitation durable des ressources naturelles mauritaniennes.
Parallèlement, la Mauritanie s’affirme comme un acteur stratégique dans la transition énergétique mondiale. Avec un potentiel exceptionnel dans l’hydrogène vert, grâce à l’abondance de ses ressources solaires et éoliennes, le pays ambitionne de devenir un hub énergétique propre, capable d’exporter vers l’Europe et au-delà.
Les États-Unis, fortement engagés dans la diversification de leurs chaînes d’approvisionnement énergétique et désireux de soutenir les pays africains dans leur développement durable, voient en la Mauritanie un partenaire d’avenir.
Vers un accord structurant
La participation du Président Ghazouani à ce mini-sommet pourrait marquer un tournant dans les relations bilatérales. L’objectif affiché est clair : passer d’un dialogue cordial à un partenariat structuré et stratégique, fondé sur la coopération dans les domaines de la sécurité, de l’énergie, du climat, de l’éducation et de la technologie.
Selon des sources proches du dossier, plusieurs accords sont à l’étude, notamment dans le domaine des investissements directs étrangers, de la coopération militaire et du soutien technique à la gouvernance publique. Washington, de son côté, voit d’un bon œil l’émergence d’un État stable et proactif dans une zone critique, à l’heure où la Chine, la Russie et d’autres puissances accentuent leur présence en Afrique.
Conclusion : une opportunité à ne pas manquer
Pour la Mauritanie, ce mini-sommet n’est pas une simple rencontre diplomatique, mais une occasion stratégique de se repositionner sur l’échiquier international. À travers une posture affirmée, des choix économiques audacieux et une stabilité enviée, Nouakchott veut démontrer qu’elle est prête à jouer dans la cour des grands – et à le faire sur la base d’un partenariat équitable, durable et visionnaire.
Ahmed Ould Bettar