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Editorial : Quand les partenaires ferment les yeux : diplomatie, corruption et hypocrisie internationale

De nombreux partenaires internationaux en Mauritanie affichent des discours de transparence tout en tolérant, voire en facilitant, des pratiques de corruption. Cet éditorial interroge l’hypocrisie derrière certains “partenariats stratégiques”.

Au nom du développement, de la stabilité ou des intérêts géostratégiques, certains partenaires internationaux semblent tolérer, voire entretenir, un climat de corruption en Mauritanie. Cet éditorial questionne une complaisance trop bien maquillée en coopération.

Quand les bienfaiteurs ferment les yeux (ou les poches)

La corruption ? On la regarde trop souvent comme un fléau purement local. Comme si les pots-de-vin, les détournements et les marchés opaques étaient uniquement le fait de fonctionnaires ou d’élites locales sans scrupules. Mais la réalité est bien plus nuancée, et souvent plus dérangeante. Dans l’ombre de certains “partenariats stratégiques”, des complicités silencieuses s’installent, avec la bénédiction de puissances étrangères ou d’institutions internationales.

Entre grandes puissances et petits arrangements

Que ce soit dans le secteur du gaz, des mines ou de la pêche, des entreprises étrangères obtiennent parfois des concessions à des conditions qui défient toute logique de transparence. Des soupçons planent sur des pratiques douteuses : commissions occultes, appels d’offres sur mesure, ou encore collusion avec des élites locales. Et pourtant, rien n’éclate vraiment au grand jour. L’omerta est confortable, surtout quand les enjeux économiques ou diplomatiques prennent le dessus.

La diplomatie du silence sélectif

Des pays comme la France, les États-Unis, ou encore la Chine, s’affichent volontiers en partenaires engagés pour la stabilité et le développement, selon le rapport de Transparency. Mais dans les faits, beaucoup préfèrent s’accommoder d’un environnement corrompu tant que leurs intérêts sont préservés. Ce n’est pas de la corruption directe, bien sûr. C’est bien plus subtil : c’est la corruption par l’indifférence, par le calcul froid, par le “réalisme géopolitique”.

Des projets de transparence à géométrie variable

Oui, l’Union européenne ou la Banque mondiale financent des programmes de gouvernance, des plateformes de transparence budgétaire, des formations à la reddition de comptes. Mais sur le terrain, les résultats sont bien maigres. Manque de volonté politique ? Assurément. Mais aussi manque de vigilance et parfois, naïveté complice des bailleurs eux-mêmes. Les outils de lutte contre la corruption sont là, mais souvent instrumentalisés, vidés de leur sens.

Et si l’on ouvrait vraiment les yeux ?

Cet éditorial n’accuse pas tous les partenaires internationaux de corruption. Mais il questionne leurs silences, leurs contradictions, leur tendance à tolérer ce qu’ils dénoncent ailleurs. La Mauritanie n’a pas besoin de donneurs de leçons sélectifs, mais de partenaires cohérents, lucides et courageux. La corruption ne se combat pas à moitié, et encore moins à géométrie variable.

Ahmed Ould Bettar

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