Bilan économique du premier semestre 2025 en Mauritanie : entre résilience et défis structurels
Nouakchott – Juillet 2025.
La Mauritanie clôt le premier semestre 2025 sur un bilan économique contrasté, où les indicateurs de croissance laissent entrevoir une dynamique positive, malgré les tensions inflationnistes et les défis sociaux persistants. Un contexte régional incertain, combiné à des efforts de réformes internes, façonne une trajectoire économique à la fois prometteuse et fragile.
Une croissance tirée par les secteurs extractif et agricole
Le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Mauritanie a enregistré une progression estimée à 5,2 % au cours du premier semestre 2025, selon les données du ministère de l’Économie et de la Banque centrale de Mauritanie (BCM). Cette performance repose principalement sur l’essor des exportations de minerais, notamment le fer et l’or, ainsi que sur une campagne agricole meilleure que prévu, favorisée par des conditions climatiques relativement clémentes.
L’activité dans le secteur des infrastructures a également contribué à cette croissance, portée par les investissements publics dans les routes, les ports et l’électrification rurale. Ces chantiers, intégrés au plan de relance économique 2023–2026, visent à réduire les inégalités territoriales et à renforcer la connectivité du pays.
Une inflation persistante, mais contenue
L’un des enjeux majeurs du semestre a été la gestion de l’inflation, qui s’est établie à 4,7 %, légèrement en baisse par rapport aux niveaux de 2024, mais toujours au-dessus des seuils de confort pour les ménages. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des prix des denrées alimentaires importées et des produits pétroliers, dans un contexte de volatilité sur les marchés internationaux.
La Banque centrale a maintenu une politique monétaire prudente, avec un resserrement des taux directeurs visant à juguler la demande intérieure. Parallèlement, des subventions ciblées sur les produits de première nécessité ont été renforcées pour atténuer l’impact sur les couches vulnérables.
Défis structurels et priorités économiques
Malgré ces signaux positifs, la structure de l’économie mauritanienne reste exposée à des vulnérabilités profondes. Le poids prépondérant du secteur extractif, dépendant des fluctuations des cours mondiaux, freine la diversification économique. Le chômage des jeunes, estimé à plus de 20 %, demeure un frein à une croissance inclusive.
Les autorités poursuivent néanmoins des réformes destinées à améliorer le climat des affaires, à renforcer la gouvernance fiscale et à stimuler l’investissement privé, notamment dans les secteurs de la pêche, du numérique et du tourisme durable.
Perspectives pour le second semestre
Si la trajectoire actuelle se confirme, le gouvernement table sur une croissance annuelle supérieure à 5 %, avec un objectif d’inflation ramenée sous la barre des 4 % d’ici la fin de l’année. La réussite de ces prévisions dépendra fortement de la stabilité politique, de la mise en œuvre rigoureuse des réformes et de la capacité du pays à mobiliser des financements internationaux.
En somme, le premier semestre 2025 reflète une économie mauritanienne en transition, à la croisée des chemins entre relance post-crise, aspirations sociales et impératifs de transformation structurelle.
Par Ahmed Ould Bettar
journaliste , membre du Réseau des journalistes économistes maghrébins
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