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Duel ministériel ou naufrage médiatique ? Quand TTV vire à la joute tribale

Quand Hanefi Ould Dahah troque l’analyse pour la tirade poétique, la déontologie journalistique vacille. Retour sur un éditorial qui fait du bruit, entre plumes, plumes et corbeaux.

Duel ministériel ou naufrage médiatique ? Dans une chronique au vitriol signée Mohamed Ould Echriv Echriv, la satire s’invite sur le plateau de TTV. Le journaliste démonte, avec une plume trempée dans l’ironie hassanienne, une envolée éditoriale de Hanefi Ould Dahah qui mêle symbolique animale, rivalités ministérielles et poésie tribale. Quand le commentaire vire à la mascarade et que le faucon affronte le corbeau, c’est toute la déontologie journalistique qui vacille dans un thé trop sucré de sous-entendus.
Dans la république des mots, quand un patron de chaîne se mue en poète tribal et que la déontologie fait du stop sur la route de El Bewadi, il est temps d’allumer la lumière — ou du moins d’allumer la télé, s’il reste du courant.
Hanefi Ould Dahah, capitaine à la barre de TTV, a récemment dégainé son clavier comme on sort un sabre sous tente : il a voulu faire le Ghazel journalistique proprement dit. Une envolée lyrique où il compare — sans frémir du pouce — deux ministres, l’une au plumage noble et au ramage de faucon, Naha Mint Cheikh Sidiya, l’autre, Mint Entehah, à un… corbeau. Oui, un corbeau. Rien que ça. Du Zola sans moustache.
Mais attention, chez nous, les comparaisons ne sont jamais gratuites. Ce n’est pas un duel ministériel, c’est une maskharaʿa médiatique, où chaque mot sent la poudre et chaque compliment cache un croche-pied.
Et là, cher Hanefi, tu n’as pas juste cassé les os, tu as réveillé tout le cimetière de la bienséance institutionnelle. Car selon la mythologie hassanienne, « les os entreront entre eux », c’est-à-dire que ce genre de parallèle n’est pas une métaphore : c’est une convocation en duel entre familles, réputations, alliances et réputations d’alliances. On est loin de l’éditorial neutre façon Le Monde diplomatique. Là, on est sur du Live à la théière.
En termes de déontologie ? Disons que tu as confondu « commentaire éditorial » et « déclaration de guerre entre cousines de l’Est et belles-sœurs du Sud-Est ».
Premier principe de la presse sérieuse : on ne juge pas un ministre sur son nombre de jujubes consommés à l’âge de six ans ni sur la hauteur de son turban. On juge sur l’action publique. Pas sur la mélodie de la voix ni la noblesse du menton.
Mais bon, quand le faucon devient symbole de performance politique et le corbeau celui de l’inutilité, c’est que l’ornithologie est devenue la dernière science du gouvernement.
Rappelons à nos amis de la presse libre que :
Comparer deux femmes politiques sur des critères ambigus, c’est glisser sur la peau d’un melon déontologique.
Se cacher derrière des aphorismes tribalo-littéraires pour légitimer une attaque personnelle, c’est comme appeler un incendie « augmentation thermique accidentelle ».
Et enfin : l’humour est un art, mais la justice symbolique est un devoir.
Le faucon est peut-être plus gracieux dans le ciel, mais le corbeau, lui, sait reconnaître les cadavres d’égo gonflés au thé. Et parfois, entre deux postes ministériels, il vaut mieux écouter le silence que les envolées de ceux qui confondent tribune publique et medh hassanien recyclé.

Mohamed Ould Echriv Echriv

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