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Vacances ministérielles : le patriotisme en tongs et sans clim

Directive présidentielle oblige : cette année, les ministres transpirent avec le peuple. Pas de Dubaï, vive le désert national en T-shirt Hantouch.

Vacances ministérielles : Entre humour décapant et critique douce-amère, Mohamed Ould Echriv Echriv décrypte la nouvelle politique des vacances locales pour ministres en Mauritanie. Un aller simple pour Matmata, Jewf ou Zravia… sans clim, ni espresso.
Ah, les vacances ! Cette noble institution où les ministres, les directeurs et les conseillers stratégiques d’en haut peuvent enfin ôter leur cravate, lâcher le PowerPoint et plonger leurs orteils bien poncés dans le sable brûlant de Mederdra ou les herbes piquantes de El Makhrougatt. Mais cette année, pas de jet vers Dubaï, ni de transats à Las Palmas. Directive présidentielle oblige : on bronze patriote ou on reste au bureau.
Hier, lors du Conseil des ministres, le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a rappelé à ses ministres que les vacances, c’est aussi un acte de gouvernance. Traduction ? : vous irez vous dorer la pilosité d’État à l’intérieur du pays. Point barre. Résultat : ambiance colonie de vacances républicaine.
Le ministre porte-parole du gouvernement, Hussein Ould Meddou, tout en sobriété diplomatique, a expliqué que cette brillante manœuvre avait trois objectifs :
1. La communication (traduction : montrer que vous avez un T-Short Hantouch),
2. La solidarité (traduction : souffrir avec le peuple sans clim, ventilo pour les ministres chouchoutés),
3. La gestion locale des dépenses (traduction : injecter vos primes dans les auberges de fortune et les boutiques d’épicerie du désert).
Mais pour les plus anciens, cette directive a un doux parfum de « vécu ». Un arrière-goût d’époque Ould Taya. Souvenez-vous : Maaouiya, amateur de chaleur et de discipline, avait institutionnalisé la canicule comme méthode de ressourcement national. Une fois, rapportent les anciens, Ould Taya embarque le Wali Mohamed Ould Boilil, dans sa fameuse Mercedes 300 GD blanche. Direction : le four solaire de l’intérieur. Pas de clim. Pas. De. Clim. Résultat : l’équipage frôle l’insolation collective. Même le Raïs, pourtant rôti à la braise de Mbarka et Amara depuis l’enfance, a crié grâce.
Cette année donc, nos ministres auront le choix entre :
Terjit, ses dattiers, ses selfies-randonneurs, et son eau fraîche ;
Ain Savra, ses dunes brûlantes, ses routes qui font sauter les amortisseurs, et ses mouches patriotes ;
Matmata, dans le Tagant profond, là où même les crocodiles du désert sont en voie de disparition, on t’accueille à bras ouverts, sourire compris et poussière offerte.
Jewf-Teréni, où la nature offre une cure intégrale d’INITI : exfoliation des pieds garantie, connexion 3G facultative, et immersion totale avec le « terrain » – ce concept si souvent évoqué en réunion mais rarement fréquenté.
Imaginez un instant nos excellences en mode « campement » :
– le ministre de l’Énergie, perdu entre deux tentes, tentant de recharger son téléphone avec une batterie solaire à Loueibda ;
– le ministre de l’Économie à El Ghedia essayant de marchander un bol de zrig ;
— Le ministre délégué chargé du budget, parrain du fric public, pointé à Sélibaby pour causer gros sous la Maison des Soninké, histoire de vendre du rêve sur le cadre des dépenses 2025-2030… pendant que son neveu, tout juste débarqué de Paris, apprend encore à dire ‘bonjour’ avec l’accent du 16e.
– et la ministre de l’Hydraulique qui découvrt à Zravia, qu’il faut puiser l’eau à la main, et non par appel d’offres.
Cette directive a du génie. Elle nous rappelle que l’État, ce n’est pas que des communiqués et des couloirs climatisés : c’est aussi des sandales poussiéreuses, des chambres sans rideaux, et des discussions à la belle étoile avec un maire en gandoura et un thé Malike qui refuse de mousser.
Et si certains grincent, évoquant en coulisse le manque de confort, de réseau, ou de café importé, rappelons-leur ce vieil adage bidân républicain :
« Qui veut diriger le peuple doit d’abord transpirer avec lui. »
Alors mesdames et messieurs les ministres :
Rangez vos billets Emirates et Binter Canaria, laissez vos costards et vos mouftila à Nouakchott, et… bienvenue à la République du Hamac Localisé.
La Mauritanie ALAMMAG vous attend.
Et elle pique un peu.

Mohamed Ould Echriv Echriv

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