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Quand l’éloge efface le candidat : Kadiata Diallo tacle Ould Merzoug

Kadiata Malick Diallo critique la communication du ministre Ould Merzoug sur RFI, estimant que le président Ghazouani y efface la candidature de Sidi Ould TAH. Un débat relancé par le journaliste Mohamed Ould Echriv Echriv

Sur les réseaux sociaux, la députée Kadiata Malick Diallo s’est insurgée contre une communication politique qu’elle juge déséquilibrée. En ciblant l’interview du ministre Ould Merzoug sur RFI, elle soulève un malaise plus profond : celui d’un culte de la personnalité qui, en Mauritanie, tend à reléguer les figures politiques secondaires à l’ombre du pouvoir central.

La campagne présidentielle de 2024 en Mauritanie continue de faire couler de l’encre, et pas toujours pour les raisons espérées par ses architectes. Cette fois, c’est la députée Kadiata Malick Diallo qui a jeté un pavé dans la mare, dénonçant sur son mur Facebook une forme d’amnésie politique entretenue par les cadres du pouvoir.

Réagissant à l’intervention du ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), la parlementaire n’a pas mâché ses mots :

« Quand l’éloge efface le candidat… Sur RFI, le ministre Ould Merzoug n’a eu qu’un mot à la bouche : Ghazouani. Zéro mention des qualités du candidat Sidi Ould TAH. À force de célébrer le “directeur de campagne”, on finit par oublier qu’il y avait… un candidat. »

Ce commentaire, au ton ironique mais incisif, vise une dérive communicationnelle : l’omniprésence du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans les discours de ses collaborateurs, au détriment de la mise en lumière du candidat qu’ils sont censés promouvoir. L’acte de pointer du doigt ce déséquilibre n’est pas anodin en période post-électorale, où chaque mot pèse lourdement dans la balance politique.

Le journaliste Mohamed Ould Echriv Echriv, fin observateur de la scène nationale, a abondé dans le même sens en commentant cette réaction :

« L’éloge du chef suprême est devenu un sport national, à tel point qu’il en efface les visages, les parcours et les mérites individuels. C’est un peu comme si on félicitait l’arbitre pour la victoire de l’équipe. »

Cette métaphore, aussi subtile qu’évocatrice, met en lumière une tendance bien ancrée dans le paysage politique mauritanien : l’élévation du président au rang de figure tutélaire, même lorsque son rôle n’est pas directement en jeu.

Un symptôme d’un système ?

Au-delà de la polémique immédiate, c’est toute une culture politique qui se trouve questionnée. La communication gouvernementale, focalisée sur l’image du chef de l’État, semble délaisser le principe de pluralité des compétences au sein de la majorité présidentielle. Or, dans une démocratie saine, la reconnaissance des talents individuels et la valorisation des candidats devraient primer sur la loyauté verticale.

Kadiata Malick Diallo, habituée à dénoncer les dérives du pouvoir, se fait ici l’écho d’une partie de l’opinion publique, qui craint que le débat post-électoral ne soit noyé dans un flot de louanges convenues. La réaction de la députée, amplifiée par les réseaux sociaux, ouvre la voie à une réflexion plus large sur la place du leadership et de l’individualité dans les campagnes électorales en Mauritanie.

Conclusion

À l’heure où la Mauritanie se cherche un avenir politique plus inclusif et respectueux des règles démocratiques, la parole libre et critique de figures comme Kadiata Malick Diallo et Mohamed Ould Echriv Echriv rappelle l’importance de préserver un espace public où le débat reste vivant, même – et surtout – en période de campagne ou de post-campagne.

Ahmed Ould Bettar

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