Et si on décidait de se partager la Mauritanie ?
Et si on décidait de se partager la Mauritanie ?
Il y a un terme que les communautaristes ne tolèrent pas et dénigrent constamment pour nuire à la cohésion nationale. Il s’agit de ‘’l’intégration’’ qu’ils confondent volontairement avec l’assimilation.
L’intégration a pour objectif d’unifier un groupe social dominant avec les minorités qui cohabitent avec lui, tout en préservant leurs particularités culturelles.
En parlant d’assimilation, on vise principalement à rendre semblables des individus d’origines variées en adoptant les caractéristiques culturelles du groupe dominant, comme c’était le cas pour la colonisation, par exemple.
Deux processus différents, donc. L’assimilation implique l’abandon total de sa culture, c’est-à-dire l’acculturation, alors que l’intégration n’est pas un reniement, mais un compromis culturel pour consolider la cohésion nationale.
Cette remarque étant faite, est-ce qu’on n’a jamais demandé aux Négro-Mauritaniens de se métamorphoser en Arabes ?
C’est non.
Cependant, si l’enseignement de l’arabe se confond avec une arabisation, il serait tout à fait logique d’associer celui du français à une francisation, car ces deux langues sont, du point de vue ethnique, étrangères aux Négro-Mauritaniens.
En toute franchise, les nationalistes foutanké ne veulent rien lâcher. Ils sont toujours figés sur les débats usés du Congrès d’Aleg.
Plutôt que de prôner l’intégration nationale, ils militent pour :
promouvoir l’enseignement du pulaar dans le ‘pays des Maures’, de Bir Moghrein a Tilimsi ;
disposer de la moitié du gouvernement, des effectifs de la Fonction publique et des forces armées et de sécurité ;
profiter de la moitié des ressources minières, énergétiques et halieutiques situées chez les Maures.
Qu’en reste-t-il à tous les autres : les Soninkés, les Wolofs et les Maures basanés et au teint plus foncé en plus des Bambaras, qui sont répertoriés comme une ethnie mauritanienne par les nationalistes pulaars ?
Et en échange de quoi ?
La langue arabe a déjà pris sa place de langue liturgique et d’ouverture au Fouta depuis des siècles, donc cela ne serait pas un acquis.
Les terres cultivables de la vallée ?
Là, si les Foutanké étaient disposés à laisser l’État les gérer à sa guise, ce serait bien, mais non, c’est un autre point en litige, comme la question linguistique.
En fin de compte, qu’en serait-il si les Maures acceptaient toutes les revendications des nationalistes pulaars ?
Gardons à l’esprit que les Maures avaient fui les Arabes en 1956 pour établir leur propre État indépendant et souverain. Et voilà qu’on exige d’eux de se contenter du cinquième de cet État, une portion congrue qu’ils devraient partager avec les Harratines d’IRA qui revendiquent l’ascendance négro-africaine.
Oui, c’est ça, la Mauritanie, un État du sud, même pas un petit trait d’union !
Ely Ould Sneiba
Le 4 juin 2025