Actualités Politiques en Mauritanie | Rapide InfoAccueil |Mauritanie
A la Une

15 ans de prison pour Ould Abdel Aziz : quelles conséquences pour la Mauritanie ?

L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné le 14 mai 2025 à 15 ans de prison ferme pour corruption. Analyse des répercussions politiques et institutionnelles de ce verdict inédit.

15 ans de prison
La condamnation de Mohamed Ould Abdel Aziz à 15 ans de prison ferme, prononcée le 14 mai 2025, marque un tournant inédit dans l’histoire politique de la Mauritanie. Ce verdict soulève des interrogations majeures sur le sort de l’ancien chef de l’État et sur les implications pour l’équilibre institutionnel du pays.

Un verdict historique et sans précédent

Le 14 mai 2025, la Cour chargée des crimes économiques et de corruption a rendu son jugement dans le procès dit de « la décennie ». L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné à quinze ans de prison ferme pour enrichissement illicite, blanchiment d’argent et abus de pouvoir. Il s’agit d’une décision judiciaire sans précédent en Mauritanie, tant par sa portée symbolique que par sa sévérité.

Ce verdict consacre une volonté de rupture avec l’impunité des dirigeants passés. Il est salué par une partie de l’opinion comme une victoire de la justice, mais suscite aussi des réserves quant à ses éventuelles motivations politiques.

Quel avenir pour Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Avec une peine aussi lourde, la carrière politique de Mohamed Ould Abdel Aziz semble désormais largement compromise. Bien qu’il conserve le droit de faire appel, la condamnation pour des faits aussi graves réduit considérablement sa marge de manœuvre.

Réfutant systématiquement les accusations, l’ancien président dénonce un « procès politique ». Ses avocats annoncent déjà un recours en appel, voire en cassation. Mais en détention, isolé de ses anciens soutiens, son influence politique paraît considérablement affaiblie.

La Mauritanie face à un tournant institutionnel

Pour l’État mauritanien, ce jugement représente un test important de la solidité de ses institutions. Le procès et sa conclusion démontrent une volonté apparente d’appliquer les principes de responsabilité et de redevabilité. Reste à savoir si cette exigence s’appliquera à l’ensemble des acteurs politiques, y compris ceux actuellement au pouvoir.

L’enjeu dépasse le seul sort d’un ancien président. Il s’agit de crédibiliser un système judiciaire longtemps critiqué pour son manque d’indépendance et d’efficacité face aux crimes économiques.

Le président Ghazouani : entre indépendance judiciaire et calculs politiques

Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien compagnon de route de Aziz devenu son adversaire, voit sa position confortée par cette issue judiciaire. Il peut se prévaloir d’avoir laissé la justice suivre son cours sans interférences apparentes. Mais cette position pourrait être fragilisée si la lutte contre la corruption reste sélective.

La stabilité politique à moyen terme dépendra en partie de la capacité du régime à élargir la lutte anticorruption à d’autres sphères et à éviter que le procès Aziz ne soit perçu comme une revanche politique.

La Mauritanie entre dans une ère nouvelle

Avec cette condamnation, la Mauritanie entre dans une ère nouvelle, où l’imputabilité des dirigeants devient une réalité tangible. Mais cette dynamique reste fragile. Le véritable défi sera de faire de ce verdict un socle pour des réformes durables, et non un simple épisode exceptionnel.

La crédibilité du processus dépendra de sa continuité, de sa transparence, et de son impartialité. Car plus que le sort personnel de Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est la trajectoire démocratique de la Mauritanie qui se joue désormais.

Articles suggérés: 

Nouakchott : la défense de l’ex-président Aziz dénonce un verdict « injuste » et « politique »

Communiqué du Collectif de défense de l’État mauritanien : Décision de la Cour d’appel dans l’affaire de corruption décennale

Rapide info

Laisser un commentaire

Articles similaires