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La loi ne stipule pas l’obligation de traduire dans la vie nationale.

Langue nationale en Mauritanie : entre interprétation et incompréhension Par Ely Ould Sneiba – 02 mai 2025Langue nationale en Mauritanie : entre interprétation et incompréhension

Par Ely Ould Sneiba

Balises de blog (tags) : Mauritanie, langue arabe, diversité linguistique, traduction, politique linguistique, vivre ensembleLa loi ne stipule pas l’obligation de traduire dans la vie nationale. La population d’un pays doit pouvoir s’exprimer dans une langue commune. Cela s’applique également à l’administration, tant en interne qu’avec les citoyens. C’est une condition essentielle pour l’intercompréhension à l’échelle nationale.Pourtant, en Mauritanie, la traduction et l’interprétation sont utilisées systématiquement comme moyens de communication – une exception mondiale, semble-t-il. Le wolof, par exemple, joue ce rôle unificateur au Sénégal, où les représentants de 22 ethnies ne s’expriment jamais en langue maternelle dans les institutions officielles ou les rassemblements publics.Chez nous, malgré la reconnaissance officielle de la langue arabe dans la Constitution et l’immersion hassanophone, la fameuse « lettre des 19 » de 1966 marque encore aujourd’hui le refus linguistique de certaines élites négro-mauritaniennes. Résultat : en Conseil des ministres, les communications doivent être en arabe *et* en français. À l’Assemblée nationale, quatre ghettos linguistiques ne communiquent que grâce aux interprètes. Même en réunions de travail, l’interprétation reste indispensable pour éviter un dialogue de sourds.
Parler en arabe officiel déclenche souvent des protestations. Certains estiment qu’ils sont exclus et revendiquent le droit à ne pas se voir imposer une langue. Or, la loi n’impose pas la traduction, ce qui signifie qu’un jour, le refus des Maures de continuer à jouer les traducteurs pourrait provoquer une impasse nationale.

Question : si nous ne parvenons pas à nous comprendre mutuellement, comment peut-on vivre ensemble ?

Les nationalistes pulaar proposent une solution : reprendre la logique senghorienne du Sénégal et choisir une langue neutre, le français – présenté comme une langue-refuge pour les Négro-Africains.

Mais cela pose un nouveau problème : les Arabo-Mauritaniens ont, eux, leur propre langue – l’arabe – plus ancienne que le français et reconnue comme langue de travail à l’ONU. Pourquoi devrait-elle être rejetée ?

Pour éviter l’impasse, l’État doit trancher : imposer clairement sa langue officielle. Faute de quoi, le maintien de la confusion linguistique risque de se transformer en un chaos où chaque communauté parlera sa langue sans comprendre celle des autres, provoquant une cacophonie nationale aux conséquences imprévisibles.

Source info : Rapide Info – Publié le 02 mai 2025

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