Hommage à Ba Boubacar Moussa
Hommage à Ba Boubacar Moussa
Monsieur Mohammed Ould Maouloud, Président de l’UFP,
Camarade,
Le mardi 4 mars dernier, tu m’as informé de l’hospitalisation de notre frère et compagnon de lutte, Boubacar Moussa Ba, à l’hôpital Fann de Dakar. Après une tentative infructueuse pour le joindre directement, j’ai pu échanger avec son fils, Moctar, qui se tenait à son chevet. Malgré son état préoccupant, ses dernières nouvelles m’avaient donné un peu d’espoir. Mais hélas, le destin en a décidé autrement. Nous nous inclinons devant la volonté divine.
Sa disparition m’attriste profondément. J’ai été témoin de décennies de lutte et d’engagement aux côtés de cet homme d’exception. Notre rencontre remonte à janvier 1969, dans un contexte marqué par les secousses du mouvement étudiant de mai 1968 à l’Université de Dakar. À cette époque, nous tentions de surmonter les blessures laissées par la répression et de restaurer l’unité du mouvement.
Alors que nous venions de perdre brutalement Samba Baldé, président de l’Union des Étudiants de Dakar (UED), les organisations progressistes ont cherché à désigner de nouveaux leaders pour relever les défis du moment. C’est ainsi que, sur proposition de Mbou Diagana, Vice-président de l’UED, j’ai rencontré Boubacar Moussa Ba, alors étudiant en sciences. Il a fallu plusieurs discussions pour le convaincre d’accepter cette responsabilité, tant il était humble et rigoureux. Mais une fois engagé, il s’est révélé être un leader remarquable.
Son intelligence, sa clarté d’analyse et son éloquence lui ont rapidement valu le respect de ses camarades. Élu au Comité Directeur de l’UED en février 1969, il s’est imposé comme un dirigeant influent, toujours guidé par des principes solides et un courage inébranlable.
Lors de la crise universitaire de 1971, il a poursuivi son engagement en France au sein de la FEANF et parmi les travailleurs immigrés africains. De retour en Mauritanie, il a continué son combat avec une constance admirable. D’autres témoigneront mieux que moi de cette partie de son parcours.
Militant infatigable, Boubacar a œuvré au-delà des frontières pour une Afrique unie et indépendante. Ses travaux sur l’OMVS, le CILSS et la CEDEAO témoignent de son engagement pour le développement régional dans un esprit de solidarité et de fraternité.
Son attachement au Sénégal dépassait les liens familiaux : il incarnait une vision transnationale du militantisme. Il était un bâtisseur de ponts, un artisan de la fraternité humaine. Je me souviens de son soutien indéfectible à Sud Communication, fondé par de jeunes journalistes sous la direction de Babacar Touré à la fin des années 1970.
Malgré les épreuves, il n’a jamais perdu son optimisme révolutionnaire. Son esprit généreux et son engagement sans faille resteront gravés dans nos mémoires.
En ces moments de douleur, j’adresse mes sincères condoléances à sa veuve, Fama Anne, à ses enfants, à sa famille, aux militants de l’UFP, ainsi qu’à tous ses compagnons de lutte en Mauritanie, en Afrique et ailleurs.
Que le Tout-Puissant lui accorde le repos éternel au Paradis Firdaws.
Adieu, Boubacar.
Adieu, frère.
Adieu, camarade.
Abdoulaye Bathily, Dakar, 14 mars 2025.
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Cette réécriture conserve le ton solennel et la force du témoignage tout en le rendant plus fluide et concis.
Soumis par Marega Baba