Expulsion des migrants en Mauritanie : Une politique souveraine face aux enjeux migratoires
Expulsion des migrants en Mauritanie : Une politique souveraine face aux enjeux migratoires
La Mauritanie fait face à une pression migratoire croissante, devenant un point de passage privilégié pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Cette situation a conduit le gouvernement à renforcer ses contrôles et à expulser plus de 520 ressortissants maliens en situation irrégulière. Toutefois, ces expulsions concernent également des migrants issus de divers pays d’Afrique, du Maghreb et d’Asie. Ce durcissement de la politique migratoire a suscité des critiques, mais il répond à des impératifs sécuritaires et réglementaires que les autorités mauritaniennes estiment incontournables.
Un tournant dans la politique migratoire
Depuis le 2 mars, la Mauritanie a intensifié ses opérations de refoulement des migrants en situation irrégulière. Selon le conseiller technique du ministère des Maliens établis à l’extérieur, Dr Boulaye Keita, 528 Maliens ont été refoulés vers la localité de Gogui. « Ces personnes étaient en situation irrégulière et ne possédaient pas de carte de séjour », a-t-il précisé, soulignant que les autorités maliennes ont pris des dispositions pour leur prise en charge.
Les autorités mauritaniennes, conscientes de leur position stratégique sur les routes migratoires, ont mis en place un système d’enrôlement permettant d’identifier les migrants et de leur délivrer des titres de séjour. Toutefois, ceux qui ne régularisent pas leur situation sont systématiquement renvoyés vers leur pays d’origine.
Les motivations du gouvernement
Face aux critiques, le gouvernement mauritanien justifie cette politique par plusieurs raisons :
1. Sécurité nationale : la migration irrégulière est souvent associée à des défis sécuritaires, notamment les trafics d’êtres humains, de drogue et d’armes. La Mauritanie cherche à protéger son territoire et à garantir la stabilité intérieure.
2. Souveraineté et respect des lois : tout pays a le droit de réglementer l’entrée et le séjour des étrangers sur son sol. La Mauritanie applique ses lois de manière stricte afin de mieux contrôler ses frontières et d’éviter un afflux incontrôlé de migrants.
3. Pression internationale : L’Union européenne et d’autres partenaires internationaux exercent une pression croissante sur les pays de transit pour limiter les flux migratoires. La Mauritanie collabore avec plusieurs États pour lutter contre l’immigration clandestine et renforcer la gestion de ses frontières.
4. Responsabilité partagée : le gouvernement mauritanien insiste sur le fait que la question migratoire ne peut être imputée à un seul pays. Les États d’origine des migrants dont la Mauritanie doivent également prendre des mesures pour offrir à leurs citoyens des conditions de vie décentes et une sécurité accrue, évitant ainsi l’exode massif de leurs populations.
Conditions de vie des migrants expulsés et réaction internationale
Les organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé les conditions dans lesquelles ces expulsions sont effectuées. Des témoignages font état de détentions prolongées et de conditions difficiles à la frontière. Un migrant expulsé témoigne : « Nous sommes restés plusieurs jours dans des conditions de détention difficiles, sans nourriture suffisante. »
En réponse, le ministère des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug a rappelé que des efforts ont été entrepris pour faciliter la régularisation des migrants, mais que beaucoup ne renouvellent pas leurs titres de séjour, les exposant ainsi à l’expulsion. Les autorités ont également souligné que leur politique vise à renforcer la migration régulière, tout en luttant contre les flux incontrôlés qui peuvent engendrer des crises humanitaires et sécuritaires.
Au final, la gestion de la migration en Mauritanie illustre les défis complexes auxquels sont confrontés les pays de transit. Si les expulsions suscitent des réactions négatives, elles s’inscrivent dans une logique de régulation migratoire et de préservation de la souveraineté nationale. Il appartient également aux pays d’origine de prendre leurs responsabilités en améliorant les conditions de vie de leurs citoyens, afin d’éviter ces migrations forcées qui exposent tant de personnes à des dangers considérables.
Lamine Gueye