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Youssouf Koita était un homme tolérant.

Youssouf Koita était un homme tolérant.

En 1966, pendant les troubles interethniques causés par l’introduction de deux heures d’arabe à l’école mauritanienne, un homme a pris la décision de ne pas marcher avec les fossoyeurs de la République, partisans du communautarisme ethnique.
Cet homme, c’est Youssouf Koita, un Soninké de Kaédi, et personnalité influente de la direction nationale postindépendance.
La solidarité raciale qui a enthousiasmé ses frères négro-africains ne l’a pas orienté dans le mauvais sens. Il était resté mesuré, consciencieux et par-dessus tout patriote, non séditieux.
Le président Mokhtar Ould Daddah lui a témoigné son appréciation pour sa modération tout au long de cette épreuve difficile, marquée par le fanatisme ethnique poulo-toucouleur.
En vérité, l’honorable Koita s’était élevé au-dessus des querelles de chapelle, tout en encourageant les deux parties en conflit, les nationalistes pulaars et les nationalistes arabes, à être raisonnables et à assumer pleinement la responsabilité de l’État. Le sage Soninké s’était réellement investi, malgré l’obstination des amis et cousins du Guinéen Diallo Telli, dans la recherche de la réconciliation nationale et la consolidation de l’unité du peuple mauritanien uni et indivisible.
En ce mois béni du ramadan, que la miséricorde d’Allah l’entoure.
Heureusement, à la différence des Peuls et des Toucouleurs, les Soninkés ne posent aucun problème, que ce soit en Mauritanie ou ailleurs en Afrique.
Peut-on espérer qu’un Peul ou un Toucouleur aussi noble que Youssouf Koita émerge en ces temps difficiles pour calmer l’ardeur des agitateurs pulaars qui sont à la recherche d’émeutes populaires ?
Situation peu chanceuse. À ce jour, seules les personnes qui avaient caillassé leurs compatriotes arabes en 1966 ont réagi avec vigueur, oubliant que leur position sur la langue arabe n’a pas évolué d’un iota. Et même après Tokomadji, ils demeurent des ethnicistes toucouleurs furieux, fondamentalement hostiles aux Arabes.
De plus, leur engagement transfrontalier pourrait perturber le Sénégal voisin. En 1989, ils ont déstabilisé la Mauritanie depuis Dakar. Aujourd’hui, on redoute sérieusement qu’ils ne troublent le Sénégal à partir de Nouakchott. Surtout, si l’on se rappelle que les nationalistes pulaars sénégalais avaient autrefois tenu leurs réunions interdites au Sénégal à Bogué.
Si cela se produit, il serait logique qu’une nouvelle vague migratoire déferle sur la Mauritanie, alors qu’il y a déjà trop de réfugiés.
Attention, on marche sur des œufs !

Ely Ould Sneiba
Le 9 mars 2025

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