Pêcheurs saint-louisiens arrêtés en Mauritanie : un enjeu de bon voisinage entre Dakar et Nouakchott
Pêcheurs saint-louisiens arrêtés en Mauritanie : un enjeu de bon voisinage entre Dakar et Nouakchott
La question de l’arrestation des pêcheurs saint-louisiens en Mauritanie refait surface, suscitée par les déclarations de Moustapha Dieng, Secrétaire général du Syndicat National Autonome des Pêcheurs du Sénégal (SNAP). Ce dernier a dénoncé sur les ondes de la RFM l’arrestation et la détention de plusieurs pêcheurs dans des conditions qu’il qualifie d’inhumaines. Cette situation ravive les tensions récurrentes entre pêcheurs sénégalais et autorités mauritaniennes, posant la question de la gestion commune des ressources halieutiques et du respect des accords bilatéraux.
Un cadre juridique souvent mis à l’épreuve
Les relations entre la Mauritanie et le Sénégal en matière de pêche sont régies par des accords bilatéraux visant à organiser l’accès des pêcheurs sénégalais aux eaux mauritaniennes. Des licences de pêche sont octroyées aux professionnels respectant les règles en vigueur. Toutefois, des difficultés persistent, notamment en raison du non-respect de la réglementation par certains pêcheurs non titulaires de licences qui s’aventurent dans les eaux mauritaniennes. Ces infractions conduisent à des arrestations régulières, souvent accompagnées de tensions diplomatiques.
L’importance des relations de bon voisinage
Le Sénégal et la Mauritanie partagent des liens historiques, culturels et économiques forts. La gestion des ressources maritimes est un défi qui nécessite une coopération accrue entre les deux nations. Afin d’éviter des situations de crise récurrentes, il est essentiel que les deux gouvernements renforcent la concertation et l’application des accords de manière équitable et transparente.
Une responsabilité partagée
D’une part, les autorités mauritaniennes doivent veiller à appliquer la loi avec humanité et dans le respect des droits des pêcheurs interpellés. L’amélioration des conditions de détention et la mise en place d’un cadre de dialogue avec les représentants des pêcheurs seraient des mesures bienvenues.
D’autre part, les pêcheurs sénégalais doivent respecter scrupuleusement la réglementation en vigueur. La sensibilisation et l’accompagnement des acteurs du secteur sur les dispositions légales applicables doivent être renforcés par les autorités sénégalaises.
Vers une approche concertée
Plutôt que de laisser ces tensions s’envenimer, il est primordial de promouvoir un dialogue continu entre les autorités des deux pays et les organisations de pêcheurs. L’adoption de mécanismes de surveillance et de régulation plus efficaces permettrait de réduire les incidents et d’assurer une exploitation durable des ressources halieutiques.
Visites de haut niveau et renforcement du dialogue
Dans cette optique, les visites officielles de haut niveau entre les deux pays témoignent de la volonté de renforcer la coopération bilatérale. La récente visite à Nouakchott d’Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, illustre l’engagement des deux parties à consolider leurs relations. De même, la visite prochaine du Premier ministre mauritanien, Moktar Ould Diay, à Dakar est attendue comme une opportunité pour approfondir les discussions sur les différents dossiers, notamment ceux liés à la pêche et à la coopération économique.
Par ailleurs, il convient de noter que la première visite à l’étranger du président sénégalais, Diomaye Faye, fut en Mauritanie, marquant ainsi l’importance stratégique des relations entre les deux pays. Le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, s’est également rendu à plusieurs reprises au Sénégal, témoignant de la volonté commune de renforcer les liens bilatéraux et de résoudre les différends de manière diplomatique.
Le bon voisinage entre le Sénégal et la Mauritanie passe inévitablement par une gestion apaisée de ce dossier. La responsabilisation de chaque partie prenante et la volonté commune d’avancer vers des solutions durables sont les clés pour garantir des relations fraternelles et mutuellement bénéfiques entre les deux nations.
Ahmed Ould Bettar