La Mauritanie est-elle un État arabe exclusif
La Mauritanie est-elle un État arabe exclusif ?
Il est inutile de continuer à avancer masqué. Nos pères fondateurs avaient préféré les faux-fuyants sans clarifier et expliciter la réponse à cette question, alors que le conflit interethnique, qui a toujours envenimé les relations entre Mauritaniens, est le résultat du flou artistique qui l’entoure.
En effet, dans le but de satisfaire les habitants de la vallée, le président Mokhtar et ses collaborateurs avaient rejeté la proposition de Mauritanie, République arabe, pour la remplacer par Mauritanie, République Islamique, en soutenant que la religion commune à tous nos concitoyens est l’Islam. Bonne parade mais aussi bonne politique de l’autruche. La religion musulmane, qui compte actuellement plus d’un milliard et demi de fidèles, ne peut pas être considérée comme une identité pour le peuple mauritanien qui, sociologiquement et politiquement, est différent des autres musulmans de la planète ?
Pour faire simple, notre pays n’est pas une théocratie. En outre, les Indonésiens et les Pakistanais, entres autres, ne sont pas nos cousins génétiques et culturels.
Alors, qui sommes-nous ?
Nous sommes une population arabe et africaine. D’accord, mais est-ce que notre État est à la fois arabe et négro-africain ?
C’est là que le hic se situe.
En ce qui concerne l’opinion maure, elle se divise en deux courants.
Les Néo-harkistes, en tant que tirailleurs francophones et continuateurs du nationalisme français, défendent fermement l’idée que la Mauritanie n’est pas un État arabe, en raison de leur attachement à la langue française, et que la langue arabe ne devrait pas être considérée comme une langue officielle.
Le deuxième courant, nationaliste arabe à certains égards, défend l’arabite exclusive.
L’opinion négro-africaine, quant à elle, maintient que la Mauritanie est un État multinational. Ainsi, sur le plan constitutionnel, le communautarisme ethnique doit être affirmé. En outre, ils insistent pour retirer ‘africain’ du préambule de la Constitution de 1991, car il s’agit d’un référentiel géographique et non culturel, et inscrire « peul, soninké et wolof » à sa place.
Enfin, dans le cas où l’un de nos compatriotes pulaar refuse d’admettre qu’il est nationaliste, il est prié de répondre de manière claire à cette question. En particulier, admettre que les Poulo-Toucouleurs, les Soninkés et les Wolofs ne sont que trois groupes minoritaires de la population mauritanienne. Ils ne peuvent donc prétendre qu’aux droits garantis par le droit international des minorités ethniques.
Fraternellement,
Ely Ould Sneiba
Le 12 février 2025