Accueil |

PROFIL DE CAS : « Les aiguilleurs des hautes fonctions », l’Ebola de notre sous-développement.

PROFIL DE CAS : « Les aiguilleurs des hautes fonctions », l’Ebola de notre sous-développement.
Inconnus du grand public, ils travaillent dans l’ombre et ne se font jamais connaitre. Leur travail est basé sur la discrétion absolue. Ce sont les « aiguilleurs des hautes fonctions publiques. »
Chuchoteurs dans les oreilles des chefs d’Etats, leur rôle est invariablement le même. « dénicher » des responsables pour les proposer à des postes clés comme Premiers Ministres, ministres ou Directeurs Généraux de Sociétés Nationales.
Ces « aiguilleurs de hautes fonctions » sont considérés par certains comme des valets du système. Le plus souvent, parfois ce sont des anciens ministres remerciés convertis en conseillers à la présidence de la République. Tout président arrivé au pouvoir est obligé de composer avec eux.
Ça se passe toujours comme cela et partout ailleurs d’ailleurs. Ce qui est certain c’est que cela se passe toujours comme cela chez nous. Notre pays a ses propres « aiguilleurs de fonctions » atypiques.
A défaut d’être nommés, ils nomment des taillés sur leurs profils.
Issus le plus souvent de l’aristocratie de Hauts de Gammes tribales (Malheureusement pour nous), nos « aiguilleurs de fonctions » sont eux aussi parfois des « repris de justice », des multirécidivistes, ou des « graciés » pour des actes de détournements ou de pillages de ressources.
Le choix que dicte à ces « aiguilleurs de fonctions » leurs décisions finales de choisir tel ou tel responsable pour telle ou telle fonction, est tributaire de critères qui malheureusement le plus souvent n’obéissent à aucune logique.
Ce sont de véritables « orfèvres » dans la création de personnalités publiques à partir de Zéro. Ces « aiguilleurs de fonctions » utilisent une technique « d’intelligence artificielle », qui leur permet de forger de toutes pièces des individus dont les cervelles sont taillés sur leurs propres intérêts, l’intérêt du président de la république ou sur l’intérêt du système auquel ils appartiennent.
Des forgerons de la magouille.
Le Travail de ces « aiguilleurs de fonctions » est un travail, artisanal qui demande une connaissance approfondie des régions, des wilayas, des tribus, des chefferies traditionnelles, des chefferies religieuses, des personnalités publiques politiques.
Dans certains pays comme la Mauritanie, lorsque des présidents sont décriés, les « aiguilleurs de fonctions » ont obligation et devoir de mettre en place des hommes qui répondent plus aux sollicitudes des grands électeurs, ces derniers qui sont une espèce de « propriété » de vieilles loques aristocrates rescapées des partis venus au pouvoir les premières années des indépendances.
C’est en quelque sorte un héritage historique qui se lègue de pères en fils, de cousins à cousins, de neveu à neveu, et aussi un héritage qui attribue les faveurs par descendances généalogiques et qui donne des privilèges à des classes sociales dominantes sur le plan tribal ou religieux.
Maaouiya assassin des noirs et assassin de la bonne gouvernance.
En Mauritanie, par exemple de 1984 à 2005 sous le règne de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, les « aiguilleurs de fonctions » ont, quelques fois, à la surprise générale nommés toutes sortes de ministres et toutes sortes des directeurs généraux de sociétés d’Etat. Sur la base de quoi ? Arrangement tribal ? Equilibre géopolitique ? Equilibre régional ? Poudre aux yeux pour les minorités de couleur ? Impossible de répondre à ces questions.
Ce qui est incroyable par exemple, c’est qu’à l’époque de Ould Taya, on a tout vu. Dans les gouvernements qui se sont succédés sous son règne les « aiguilleurs des fonctions », ont fait nommer à des portefeuilles de ministres « du n’importe qui » et du « n’importe quoi ».
Depuis 1960, on a comme l’impression qu’on tourne en rond dans le choix des responsables. Par exemple, dès qu’une personne est appelée à une fonction de Ministre, cette personne devient une charge obligatoire pour l’Etat qui ne peut plus s’en débarrasser. Et, donc, ce sont les « aiguilleurs de fonctions » qui ont à charge de les « recycler » ou de les caser.
S’ils ne sont pas appelés à une fonction symbolique de conseiller bien rémunérée auprès du président, ils sont envoyés à la tête de Sociétés Nationales « juteuses » où le détournement et le pillage sont érigés en règle. Les exemples sont nombreux.
Entre autre exemple, Taleb Ould Sid’Ahmed, ancien ministre de la jeunesse. Il a été recyclé pour prendre la direction générale du port de la baie du repos de Nouadhibou en remplacement de Mohamed Vall Ould Youssef ancien directeur général de cette société d’Etat relevé de ses fonctions pour détournements. Un Mohamed Vall Old Youssouf qui a été plus tard « gracié politiquement » par la Mouvance à laquelle appartiennent aussi « les aiguilleurs de fonctions ».
Un autre exemple est illustratif. Celui de feu Kaaba Ould Elewa (Rahmetoulahi Aleihi), qui, même cliniquement déclaré mort, était encore payé sur l’argent du contribuable jusqu’à sa disparition douloureuse le 6 décembre 2024.
Vous avez Mohamed Lemine Ould Dadde ancien commissaire aux Droits de l’Homme, arrêté le 27 septembre 2010 et inculpé de détournements de deniers publics qui, quelques temps après sa sortie de la Maison d’arrêt et de correction de Nouakchott où il purgeait une peine, a été « blanchi » par les « aiguilleurs de fonctions » et propulsé au Palais présidentiel en août 2016 comme chargé de mission.
C’était-là quelques exemples entre autres. Donc on peut lire dans tous les sens qu’on veut cette vieille tradition laissée en héritage par Moctar Ould Daddah, celle de « reprendre les mêmes et de recommencer », impossible de comprendre le pourquoi de certains choix pour certaines fonctions. Seuls  ces « aiguilleurs de fonctions » connaissent les raisons pour lesquelles un ministre a été choisi ou un directeur général désigné.
Les bons et les mauvais départements ministériels, distribution au plus offrant ?

Même dans la distribution des portefeuilles d’un gouvernement, « les aiguilleurs de fonctions » jouent un rôle important. Ils évitent à certains ministres des portefeuilles qui ne n’ouvrent pas la « boite à pandore ».
Ils nomment parfois à certains portefeuilles « bien garnis » des « béni-oui-oui » aveugles et muets. Ce choix protège leur intérêt personnel et l’intérêt d’hommes d’affaires ou de parents proches du Palais, peu importe qui occupe ce Palais.
Mais lorsque les « aiguilleurs de fonctions » veulent qu’un ministre se « casse la gueule », ils lui font confier un portefeuille maudit. Parce que dans ce pays il y’ a des départements ministériels maudits comme celui de l’Enseignement Supérieur, celui de la Santé, celui de l’Equipement et celui de l’Hydraulique.
Mais il y’a par ailleurs des ministères bénis. Ceux de l’intérieur, des finances, des affaires Etrangères et de la Défense.
Qui en voulait à Emal Mint Maouloud et à Ould Ely Ould El Vérick ?
Dans la constitution du tout dernier gouvernement de Ould Diay, ces « aiguilleurs de fonctions » avaient par exemple choisis d’envoyer en enfer Emal Mint Maouloud en lui confiant le département maudit de l’hydraulique, un département hanté « raclé jusqu’au dernier sou » par des proches des présidents de tous les pouvoirs qui se sont succédés.
Les aiguilleurs pensant que Emal Mint Maaouloud allait trébucher, (probablement pour la faire remplacer par quelqu’un en « liste d’attente » lui ont confié la tâche la plus difficile du gouvernement. Ces aiguilleurs s’étaient trompés dans leurs calculs. La petite belgo-mauritanienne a finalement réussi là ou tous ses prédécesseurs avaient échoués. Elle a réussi en si peu de temps à distribuer de l’eau potable de manière continue dans des quartiers qui étaient infestés par les charretiers pour racquetter les consommateurs.
Toujours dans la constitution du gouvernement de Ould Diay, les « aiguilleurs de fonctions » ont envoyé en « mission périlleuse » Ely Ould Vérik dans un département en lambeaux tant sur le plan financier et que sur le plan logistique. Un département où soixante quatre ministres se sont succédés pour essayer de faire face à une Mafia d’entrepreneurs plus voraces les uns que les autres et parmi lesquels certains ne sont visibles qu’au moment de percevoir les premières avances pour démarrer les chantier.
Ces « aiguilleurs de fonctions » parmi lesquels certains se « sont sucrés » sur tous les  grands marchés  publics, cherchaient peut être à sacrifier le Sudiste sahélo-sahélien Ely Ould El Veirick pour cacher leurs complicités avec les hommes d’affaires. Malheureusement pour eux, ce ministre dont l’intégrité morale et professionnelle n’est pas démentie, est sorti indemne de leur « Chipéco » et il s’est montré à la hauteur de la mission qui lui a été confiée par le président de la République, et cela malgré tous les risques auxquels il faisait face en cherchant à transformer en concret les réalisations virtuelles de ses prédécesseurs.
Ce qui est certain, c’est que ces « aiguilleurs de fonctions » qui travaillent dans l’ombre du Palais ou dans les couloirs de la Primature, sont la cause de tous les malheurs de notre pays. Pour leur propre intérêt, pour l’intérêt d’un chef de tribu, pour l’intérêt d’un Chef de Parti Politique ou pour l’intérêt d’un descendant d’une aristocratie vieille de mille ans, ils ont participé de loin ou de près et en bandes organisées à tous les « braquages de nos moyens et de nos maigres ressources » de ces trente dernières années.
Mohamed Ould Chighali
Journaliste indépendant
Groupe de Presse Francophone de Mauritanie

Articles similaires