Mauritanie et Sénégal : Un Accord crucial pour endiguer la migration irrégulière
Mauritanie et Sénégal : Un Accord crucial pour endiguer la migration irrégulière
Dakar– 1er février 2025 – Face à une montée inquiétante des flux migratoires, la Mauritanie et le Sénégal prennent des mesures urgentes pour collaborer davantage dans la gestion de la migration irrégulière. Lors d’une rencontre de haut niveau, lundi dernier à Nouakchott, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, ministre mauritanien de l’Intérieur, et son homologue sénégalais, le général Jean Baptiste, ont souligné la nécessité de formaliser un accord bilatéral pour mieux réguler ces flux migratoires.
Des objectifs partagés : Un cadre indispensable pour la régulation des migrations
Au cœur des discussions : la mise en place d’un accord visant à mieux coordonner les actions des deux pays en matière de lutte contre la migration irrégulière. Cette initiative, selon les deux ministres, s’inscrit dans la continuité des engagements pris avec l’Union européenne et l’Espagne. Actuellement, un nombre croissant de migrants originaires des deux pays tente de rejoindre les côtes espagnoles, avec des conséquences dramatiques. En 2024, par exemple, près de 10 000 migrants ont été secourus dans le cadre des opérations de surveillance de la Méditerranée et de l’Atlantique, dont une majorité venait de Mauritanie et du Sénégal.
La coopération bilatérale, qui pourrait s’étendre à la création d’un mécanisme commun de gestion des retours, s’inscrit donc dans un besoin urgent de réguler les déplacements migratoires. Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine a déclaré : « Cet accord doit être conçu pour non seulement encadrer les départs, mais aussi permettre une meilleure gestion des retours et de l’aide humanitaire pour les migrants ».
Des actions passées et en cours : Un partenariat déjà en place mais à intensifier
La Mauritanie et le Sénégal ont déjà initié des partenariats solides dans la lutte contre la migration irrégulière, notamment à travers leur collaboration avec l’Union européenne et des pays comme l’Espagne. Depuis 2019, dans le cadre de l’accord de Rabat (en collaboration avec l’UE), la Mauritanie a accueilli plusieurs missions de retour des migrants illégaux, tandis que le Sénégal a vu l’activation de plusieurs programmes d’aide au développement destinés à réduire les causes profondes de la migration.
Les actions actuelles comprennent également des patrouilles maritimes renforcées, en coopération avec les forces espagnoles et l’agence Frontex, pour dissuader les départs vers les îles Canaries. En 2023, l’Espagne a, par exemple, fourni une aide financière à hauteur de 20 millions d’euros pour améliorer les infrastructures de gestion de la migration en Mauritanie et au Sénégal.
Les enjeux de la coopération : Perspectives à court, moyen et long terme
À court terme, les deux ministres ont annoncé qu’ils entendaient finaliser l’accord bilatéral d’ici la fin du premier semestre 2025. Cette phase inclura la mise en place d’un cadre législatif commun, facilitant notamment les retours volontaires et la gestion des frontières. À cet égard, le Sénégal a déjà instauré un contrôle renforcé des véhicules en provenance de la Mauritanie, limitant leur séjour à 90 jours. Une mesure similaire pourrait être étendue aux migrants en transit, permettant une meilleure régulation des passages.
À moyen terme, un accent sera mis sur le renforcement des capacités des forces de sécurité des deux pays, notamment par des formations communes et des équipements partagés. Les autorités prévoient également de multiplier les projets d’intégration locale pour les migrants retournés, en collaboration avec des organisations internationales. Le Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’Union européenne pour l’Afrique pourrait ainsi soutenir un programme de création d’emplois et d’infrastructures dans les zones d’origine des migrants.
À long terme, l’objectif est de parvenir à une gestion complète des migrations qui réduira les risques liés à la migration irrégulière. Pour ce faire, les deux pays misent sur une coopération élargie avec l’UE, notamment dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable, pour réduire les facteurs de poussée tels que le chômage et la pauvreté. Le modèle envisagé pourrait servir de référence pour d’autres pays de la région, notamment la Guinée, le Mali ou encore le Burkina Faso, qui font face à des défis similaires en matière de migration.
Un partenariat stratégique pour un défi commun
Les discussions récentes entre les ministres mauritanien et sénégalais illustrent l’urgence de renforcer les mécanismes de gestion des migrations dans la région. Si des actions ont déjà été entreprises avec succès dans le cadre d’accords internationaux, cet accord bilatéral pourrait constituer une nouvelle étape dans la lutte contre la migration irrégulière. En mettant en place des mécanismes de coopération renforcée, la Mauritanie et le Sénégal espèrent non seulement contrôler les flux migratoires, mais aussi offrir des perspectives d’avenir aux populations vulnérables, tout en consolidant leur partenariat historique et culturel.
Ahmed Ould Bettar