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Levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom : une affaire au cœur des tensions politiques sénégalaises

Levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom : une affaire au cœur des tensions politiques sénégalaises

Rapide info  le 22 janvier 2025

La demande de levée de l’immunité parlementaire du député Mouhamadou Ngom, dit Farba Ngom, a plongé l’Assemblée nationale sénégalaise dans une controverse qui dépasse les clivages traditionnels. Cette affaire, qui mêle des accusations graves et des tensions politiques exacerbées, illustre à la fois les avancées et les fragilités du système démocratique sénégalais.

Les faits reprochés : des accusations lourdes
La procédure a été enclenchée après une demande du Procureur de la République financier, transmise à l’Assemblée nationale par le Ministre de la Justice le 10 janvier 2025. Farba Ngom est visé par plusieurs infractions, dont le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et d’autres délits économiques, détaillés dans des rapports de la Cellule nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF).

Ces accusations s’appuient sur des dispositions légales récentes, notamment la Loi n°2024-08 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette loi, adoptée dans un contexte international de pression accrue pour lutter contre les crimes financiers, impose une vigilance renforcée sur les personnalités publiques.

Un processus légal scrupuleux, mais contesté
Selon le Groupe parlementaire Pastef-Les-Patriotes, toutes les étapes légales ont été respectées. Depuis la réunion du Bureau de l’Assemblée le 14 janvier jusqu’à la création de la Commission ad hoc le 17 janvier, la procédure s’est déroulée dans le strict respect de la Constitution et du Règlement intérieur de l’Assemblée.

Cependant, le refus de Farba Ngom de répondre aux convocations de la Commission ad hoc a ajouté une dimension conflictuelle à l’affaire. Le député et ses soutiens dénoncent une instrumentalisation politique et une tentative de museler un adversaire influent.

Une lecture politique de l’affaire
Pour les partisans de Farba Ngom, représentés par le Groupe parlementaire Takku Wallu, cette procédure serait avant tout un outil politique visant à affaiblir un opposant clé. Ils critiquent notamment un manque de transparence et une précipitation dans la gestion du dossier.

En revanche, Pastef-Les-Patriotes réfute ces accusations, affirmant que leurs adversaires cherchent à « semer la confusion » pour détourner l’attention des faits reprochés. Le groupe insiste sur l’importance de maintenir un équilibre entre la présomption d’innocence et la nécessité de préserver la transparence dans la gestion des affaires publiques.

Enjeux démocratiques et institutionnels
Cette affaire met en lumière les défis auxquels est confrontée la démocratie sénégalaise. D’une part, la volonté affichée de lutter contre la corruption et le blanchiment de capitaux répond à des attentes fortes de la société civile et des partenaires internationaux. D’autre part, la politisation des affaires judiciaires fragilise la confiance des citoyens dans les institutions.

L’immunité parlementaire, conçue pour protéger les élus contre les abus de pouvoir, peut également devenir un bouclier contre la justice, alimentant le sentiment d’impunité. Cette tension entre protection des élus et lutte contre la corruption reflète un débat plus large sur l’équilibre des pouvoirs dans les démocraties émergentes.

Le rôle de la société civile et de l’opinion publique
Dans ce contexte, le rôle de la société civile est essentiel pour veiller à ce que la justice ne soit pas instrumentalisée. Les organisations de défense des droits humains et les médias jouent un rôle clé en demandant des comptes aux acteurs politiques et en sensibilisant l’opinion publique.

De même, la mobilisation citoyenne pourrait influencer l’issue de cette affaire. Les Sénégalais attendent des réponses claires sur les accusations portées contre leurs représentants et sur la manière dont les institutions les gèrent.

Conclusion : un test pour la gouvernance sénégalaise
L’affaire Farba Ngom constitue un test crucial pour la démocratie sénégalaise. Si la procédure de levée de l’immunité parlementaire se déroule dans le respect des règles, elle pourrait renforcer la crédibilité des institutions et envoyer un signal fort en faveur de la transparence et de la lutte contre la corruption.

Toutefois, si cette affaire venait à être perçue comme un règlement de comptes politique, elle risquerait de creuser davantage les divisions et d’affaiblir la confiance des citoyens envers leurs représentants.

L’Assemblée nationale et les acteurs politiques sénégalais sont donc à un tournant, entre la tentation des querelles partisanes et l’opportunité de renforcer les piliers de la République.

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