1er-Mai en France: des violences et des dégradations dans plusieurs villes

1er-Mai en France: des violences et des dégradations dans plusieurs villes.
AFP
Au moins 108 policiers et gendarmes ont été blessés lundi en France, dont “une vingtaine” à Paris, lors des manifestations du 1er mai, a indiqué le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, ajoutant que 291 personnes avaient été interpellées dans le pays, dont 90 dans la capitale.
Un tel nombre de forces de l’ordre blessées “un 1er-Mai, c’est extrêmement rare”, a poursuivi le ministre de l’Intérieur, en “condamnant fermement ces violences”. Le policier ayant reçu un cocktail molotov à Paris “a le visage et les bras brûlés, son pronostic vital n’est pas engagé”, a précisé M. Darmanin.

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé lundi dans toute la France lors d’un 1er-Mai “combatif”, marqué par des violences et une intersyndicale toujours unie contre la réforme des retraites même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.

Forte Mobilisation policière mais pas de raz de marrée

“Ce 1er-Mai est l’un des plus forts du mouvement social”, a salué la secrétaire générale du syndicat CGT Sophie Binet, tandis que son homologue de la CFDT Laurent Berger vantait “une très grosse mobilisation”.

Mais s’ils sont au-delà d’un 1er-Mai classique, les premiers chiffres semblent montrer que ce ne sera pas le “raz de marée” espéré par les syndicats.

La CGT a assuré que quelque 550.000 personnes participaient à la manifestation parisienne et 2,3 millions dans toute la France. Le ministère de l’Intérieur a lui dénombré 782.000 manifestants dans toute la France, dont 112.000 à Paris. Ils étaient 94.000 dans la capitale selon un comptage du cabinet indépendant Occurrence pour un collectif de médias, dont l’AFP.

A Paris, où 5.000 policiers étaient mobilisés, le cortège s’est élancé à 14H00 (12H00 GMT), avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier.

Selon la police, on comptait 8.700 manifestants à Strasbourg (est, 15.000 selon les syndicats), 7.300 à Lille (nord, 15.000), 11.000 à Marseille (sud, 130.000), 13.500 à Toulouse (sud-ouest, 100.000) et 14.000 à Clermont-Ferrand (centre, 25.000).

Dans les cortèges, les manifestants se disent toujours déterminés à obtenir le retrait de la réforme, à l’instar de Lucie Acker à Strasbourg.

“Je ressens de la colère, de la révolte même contre le mépris de ce gouvernement. Je suis vraiment écoeurée par l’entrée en vigueur de la réforme des retraites. J’ai même ressenti une forme d’humiliation d’être à ce point ignorée”, a dénoncé cette cadre en collectivité territoriale de 42 ans.

Des heurts et des tensions à Nantes, Rennes et Angers

Des affrontements ont opposé manifestants violents et forces de l’ordre pendant plusieurs heures lundi après-midi dans le centre de Nantes en marge du défilé du 1er mai, qui a réuni 75.000 personnes selon les syndicats, 17.500 selon la police.

Voitures haut de gamme brûlées, commerce endommagé, manifestants et forces de l’ordre blessées: comme à Paris ou Lyon notamment, la manifestation à Nantes, l’une des plus importantes de ces derniers mois, a été émaillée de nombreux incidents et violences.

Selon la préfecture et le Parquet, quatre manifestants ont été blessés, dont un grièvement à une main, dans des circonstances qui n’ont pas été précisées. Ils ont été hospitalisés au CHU de Nantes.

Par ailleurs, “les forces de l’ordre comptent 24 blessés parmi les policiers et gendarmes déployés sur le terrain”, selon le procureur de la République de Nantes Renaud Gaudeul. En fin d’après-midi, 29 personnes avaient été interpellées.

Comme lors des précédentes manifestations contre la réforme des retraites à Nantes, des centaines de black blocs ont tiré des projectiles sur les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes ou des grenades de désencerclement.

D’autres heurts ont également éclaté au niveau de la préfecture, et l’accès au parking souterrain du Conseil département voisin a été la cible d’un début d’incendie, un acte “inacceptable” selon son président Michel Ménard.

Deux SUV de marque BMW ont également été incendiés. Les vitres d’un magasin Uniqlo en centre-ville ont été brisées par des pavés au premier étage, le rez-de-chaussée du magasin étant protégé par des panneaux de bois à la suite de dégradations lors d’une précédente manifestation.

Le centre de Nantes, régulièrement le théâtre de violents affrontements entre black blocs et forces de l’ordre, avait été placé sous une surveillance policière renforcée lundi.

Lors d’une précédente manifestation le 24 avril, un homme de 37 ans avait été blessé au bas-ventre par un tir de LBD. Il avait dû subir l’ablation d’un testicule et le parquet a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

A Rennes, autre bastion de la contestation contre la réforme des retraites, une première manifestation syndicale s’était déroulée dans le calme en fin de matinée. Environ 24.000 personnes selon les syndicats, moins de 8.000 selon la police, avaient défilé dans le quartier populaire de Maurepas.

Dans l’après-midi, une deuxième manifestation organisée cette fois en centre-ville a été émaillée de tensions entre une centaine de manifestants et les forces de l’ordre, cibles de divers projectiles. Ces derniers ont procédé à des tirs des gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants, dont certains ont mis le feu à des poubelles et des palettes. Un gendarme a été légèrement blessé et neuf personnes interpellées selon la préfecture.

En début de soirée, une partie des manifestants se sont retrouvés dans une ambiance de kermesse place Sainte-Anne, un des hauts-lieux de la contestation à Rennes.

A Angers, où plus de 8.000 personnes ont manifesté lundi selon la police, les forces de l’ordre ont également essuyé des tirs de projectiles et d’engins incendiaires par des manifestants, selon la préfecture.

Les portes vitrées de la mairie d’Angers ont été dégradées “à coups de barre de fer”, des commerces et du mobilier urbain ont été vandalisés, selon la même source. Plusieurs personnes ont été interpellées.

© La Vie éco

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