
La Mauritanie de demain a besoin d’une économie diversifiée Selon un rapport de la Banque mondiale
La Mauritanie de demain a besoin d’une économie diversifiée
Selon un rapport de la Banque mondiale
GRAND MAGHREB
par le chiffre d affaires On Déc 20, 2020
Au cours des derniers mois, la Banque mondiale a publié plusieurs études sur les tendances et enjeux qui dessinent l’avenir de la Mauritanie, dont un rapport consacré à la gestion macroéconomique des recettes gazières et la troisième édition de son rapport sur la situation économique du pays, avec un dossier spécial sur l’éducation.
Ces deux études proposent des recommandations à même d’aider le gouvernement mauritanien à accélérer ses progrès et à atténuer les effets de la crise du coronavirus (Covid-19). Notre récent Mémorandum économique complète cette série d’analyses et souligne toute l’importance de la diversification de l’économie et de la bonne gestion de l’urbanisation pour le développement du pays.
La Mauritanie est un pays aride et peu peuplé situé entre le Maghreb arabe et l’Afrique subsaharienne occidentale. Le pays se caractérise par une forte dépendance aux ressources naturelles — les produits de la pêche et de l’exploitation minière représentaient 98,1 % du total des exportations en 2017 — et par une très faible densité de population (4,3 habitants au kilomètre carré, contre une moyenne de 44,9 en Afrique subsaharienne).
Avant même la crise du coronavirus, le modèle de croissance à long terme de la Mauritanie souffrait de contraintes structurelles qui freinaient la réalisation de son programme de développement. Selon notre Mémorandum économique, la Mauritanie n’a pas suffisamment exploité ses ressources naturelles par le passé, ce qui a exposé l’économie aux fluctuations des prix des matières premières et, en fin de compte, contribué au ralentissement économique survenu après 2015. Parallèlement, la croissance rapide de la population urbaine sans densification spatiale des personnes et des entreprises a privé la Mauritanie des bénéfices et dividendes importants de la croissance que procurent les économies d’échelle et une réorientation de la main-d’œuvre vers des emplois plus productifs dans l’agro-industrie, la fabrication et les services.
Bien qu’il n’existe pas de recette tout faite pour accélérer la croissance, la Mauritanie pourrait néanmoins agir sur quatre grands leviers pour tirer parti des avantages potentiels de l’urbanisation et favoriser une diversification économique future.
Pour remédier aux contraintes structurelles qui empêchent la Mauritanie d’élargir sa base productive, il est impératif d’élaborer une stratégie de diversification visant à intensifier l’agriculture et l’élevage, à améliorer la qualité du poisson destiné à l’étranger, à exporter de nouveaux produits et à élargir sa présence commerciale en renforçant les liens avec les pays d’Afrique de l’Ouest. Une telle stratégie devrait s’accompagner de mesures politiques qui s’attacheront à lever les obstacles juridiques à la participation des femmes à l’économie, faciliter l’accès au financement, promouvoir l’entrepreneuriat local et renforcer la concurrence sur des marchés clés qui sont aujourd’hui dominés par des entreprises peu nombreuses et bien implantées.
L’économie mauritanienne est pénalisée par des résultats insuffisants sur le plan de l’éducation, de faibles infrastructures et un usage inefficace des terres. Il est donc très important de renforcer le capital humain en rehaussant la qualité de l’enseignement et en améliorant la gouvernance et la gestion du secteur éducatif. Par ailleurs, si le pays ne peut pas réduire les longues distances qui séparent ses villes, il peut réduire les temps de trajet en reliant mieux les centres urbains entre eux. L’amélioration des infrastructures, en particulier à Nouakchott, devrait s’accompagner de la mise en place d’un plan de transport bien pensé et coordonné entre les différentes villes. Enfin, l’amélioration de la gestion foncière doit passer par la simplification des procédures d’enregistrement des propriétés, par la répartition des responsabilités entre un nombre réduit d’acteurs institutionnels et par l’instauration de systèmes de numérisation des titres de propriété existants. Ce sont là des conditions préalables à une planification urbaine rationnelle et à la sécurisation des droits fonciers dans les zones rurales, qui sont essentielles pour soutenir la productivité agricole.